Olivier Gerolami est un homme de transition et de mutation. Après avoir fait basculer la France de l'analogique à la TNT en tant que directeur du groupement d'intérêt public France télé numérique, il arrive, à tout juste cinquante-deux ans, à la tête de Sud-Ouest, le deuxième quotidien régional français, en remplacement de Pierre Jeantet, soixante-quatre ans. Les deux premières générations de patrons du journal ont été incarnées par la famille Lemoine, propriétaire du Groupe Sud-Ouest (GSO). Lui arrive donc en homme de la quatrième génération, avec la mission de mener à bien la révolution numérique du groupe de presse, à savoir, outre le quotidien, La République des Pyrénées, La Charente libre et Midi libre.
«Je vais poursuivre le redressement et la mutation du groupe dans un environnement difficile, en créant des revenus significatifs à partir de l'exploitation numérique», confie cet énarque, qui fut aussi directeur général de Numericable et qui dissimule derrière un regard flegmatique son goût pour la technologie: «La couverture 4 G associée aux tablettes offre des débits fantastiques et une formidable opportunité pour la presse locale, tant vis-à-vis des lecteurs que des annonceurs.» Le défi est d'ampleur: seulement 1% des recettes vient du digital, pour un chiffre d'affaires total de près de 400 millions d'euros. «Ma principale mission est d'accélérer la mutation du groupe pour compenser la baisse inexorable du chiffre d'affaires papier», explique-t-il encore.
Pour y parvenir, Olivier Gerolami ne peut pas compter sur son expérience de la presse: il n'en a a aucune. Mais il a derrière lui une carrière bien remplie dans l'audiovisuel (lire dates clés). «Certes, je suis un homme de télévision, mais plus globalement je viens de l'industrie des médias», avance Olivier Gerolami, qui trouve «excitant» de devenir patron de presse. Il a pour lui des qualités reconnues de dirigeant. Lui-même se définit comme «un manager généraliste très orienté vers le compte de résultat», qui «développe le chiffre d'affaires tout en maîtrisant les coûts». Autre atout, son expérience de sociétés où «l'innovation et le développement étaient très importants».
Développer le hors-média
Rigueur et innovation pourraient donc être les maîtres mots de la nouvelle ère qui s'ouvre pour le Groupe Sud-Ouest (2 400 salariés). Touché par un fort endettement, celui-ci a déjà démantelé fin 2010 sa filiale de presse gratuite d'annonces, S3G, tandis qu'un plan de restructuration est en cours de finalisation au sein des Journaux du Midi, rachetés en 2007. «La dette du groupe peut être remboursée», assure Olivier Gerolami, selon qui GSO n'envisage pas de demander à ses banques de renoncer à une partie de leurs créances, comme le Groupe Hersant Média a dû le faire en fin d'année dernière.
Le nouveau patron présentera son plan stratégique avant l'été. D'ores et déjà, Olivier Gerolami sait que pour palier la chute des recettes tirées du papier, il lui faudra développer les activités numériques, que ce soit la vente de contenus, les recettes publicitaires ou les revenus dérivés, par exemple dans l'e-commerce. Egalement en ligne de mire, le développement du hors-média. «Nous devons capitaliser sur notre marque, une marque forte, pour développer de nouveaux services, comme la vente de biens ou l'organisation d'événements», explique-t-il. Un homme de mutation, donc, pas de révolution. Fût-elle numérique.
Dates clés
1960. Naissance le 16 janvier, à Paris.
1985. Diplômé de l'ENA.
1995. Directeur général de Canal Satellite.
2000. Administrateur délégué de Télé+ (Milan).
2004. Délégué général de Télévision numérique pour tous.
2005. Directeur général Europe de NBC Universal.
2007. Directeur général exécutif de Numericable.
2009. Directeur général du GIP France télé numérique.
2012. Président du directoire du Groupe Sud-Ouest.
