Arianna Huffington et les dirigeants du Monde ont dévoilé le Huffington Post «made in France» ce lundi matin. Au menu, des articles... et un modèle publicitaire basé sur les bannières et le «brand content».

Depuis ce lundi matin 7 heures, le Huffington Post en version française est en ligne. Ce 23 janvier, à 10 heures précises, devant une nuée de journalistes, de cameramen et de photographes (240, selon l'attachée de presse Anne Hommell), Arianna Huffington, fondatrice du «Huff Po»,  a dévoilé son site lors d'une conférence de presse, avec à ses côtés Louis Dreyfus, président du directoire du Monde, David Kessler, directeur général des Inrockuptibles et directeur de la publication du Huff Po français, Anne Sinclair, sa directrice éditoriale, Paul Ackermann, rédacteur en chef, ainsi que Matthieu Pigasse, l'un des actionnaires du Monde.

Le site, conçu «en association avec le groupe Le Monde», comme mentionné sur la page d'accueil, a fait l'objet d'un « partenariat digital avec Le Monde, où nous jouons le rôle d'incubateur», précise Louis Dreyfus. La société est filiale à 51% du groupe AOL (propriétaire du Huffington Post), le groupe Le Monde détenant 34 % du capital et le banquier d'affaires Matthieu Pigasse, 15 %.

L'architecture du site est voisine de celle de son modèle américain, avec un rubriquage simple: des onglets «Présidentielle», «Economie», «International», «Culture» et «Tendances». Mais il sera bien alimenté intégralement par une équipe de huit journalistes, ainsi que des contributeurs qui tiendront des blogs. Même s'il y aura, au coup par coup, des reprises d'articles traduits du Huff Po américain.

Buzz et plan médias dans Elle

A la fois site d'information et de débats, le site a bénéficié d'un lancement soigneusement préparé par Arianna Huffington et Euro RSCG (Anne Hommell). Dès septembre, la fondatrice du Huff Po inaugurait la session de rentrée du Centre de formation des journalistes (CFJ), à Paris. Dans les semaines qui ont suivi, les rumeurs ont agité la Toile, entre l'arrivée possible de Marc-Olivier Fogiel ou d'Anne Sinclair, les bruits de report du lancement, de difficultés à recruter un rédacteur en chef, etc. Le 13 janvier, un visuel de la page d'accueil du Huffington Post français fuite sur Twitter.

Le 16 janvier, la presse est conviée à la conférence de presse de lancement par Euro RSCG. Et a confirmation du même coup qu'Anne Sinclair prend bien les rênes de ce média en tant que «directrice éditoriale». Elle précède ce retour en accordant une interview exclusive de huit pages à Elle, dont des exemplaires sont envoyés dans une poignée de rédactions dès mercredi après-midi.

Côté contenu, sans surprise, le Huffington Post français reprend les recettes du Huff Po américain: des articles maison, des liens vers des articles publiés ailleurs, et surtout des blogs alimentés par divers contributeurs (au moins 150), connus ou pas – et tous bénévoles. «Nous aurons quelques blogueurs bien connus, beaucoup ne le sont pas. Nous voulons inviter des voix établies aussi bien que des étudiants à contribuer au débat», précise Anne Sinclair. Parmi les invités de choix figurent le constitutionnaliste Guy Carcassonne, la reporter de guerre Anne Nivat, l'historien Benjamin Stora ou encore Nicolas Bedos, qui assurera sans doute une revue de presse. Par ailleurs, «Rachida Dati et Julien Dray tiendront leur carnet de campagne, en toute liberté de parole», indique Anne Sinclair.

Rubrique sponsorisée

S'agissant du modèle économique, la publicité est bien sûr au rendez-vous. Ce lundi 23 janvier, outre des bannières publicitaires classiques – dont la présence est discrète – le Huff Po mise surtout sur le «brand content». La rubrique consacrée aux technologies, «La vie digitale», comporte ainsi la mention «Avec Orange». Rubrique sponsorisée? Interrogé par nos soins sur le sujet, Louis Dreyfus préfère nous parler de «contenus de marque».
De fait, outre des bannières publicitaires classiques, M Publicité, régie publicitaire du Monde, proposera aux annonceurs des formats plus spécifiques, des «pages de marques». Concrètement, «comme aux Etats-Unis, nous aurons des contenus éditoriaux brandés par des marques, dans des pavés distincts des articles», précise à Stratégies Corinne Mrejen, directrice générale de la régie publitaire. La rubrique «La vie digitale»  comporte ainsi des blocs intitulés «contenus de marque», dont un alimenté par le blogueur Eric Dupin, bien connu pour son blog Presse citron. «Nous allons faire aussi cela avec d'autres annonceurs», précise Corinne Mrejen. De fait, le site de la régie publicitaire du Monde propose déjà ce format aux annonceurs.

Clairement, le Huff Po «made in France» consacre une nouvelle tendance apparue dans les nouveaux médias qui ont fleuri sur la Toile: Le Plus du Nouvel Obs, Quoi.info, Newsring, Slate.fr, etc. Des sites qui reposent plus sur le participatif, les contributions des internautes et le débat que sur la publication classique d'articles. Reste à voir si tous resteront en vie. Quoi qu'il en soit, Louis Dreyfus peut compter sur un intérêt médiatique hors du commun dans les locaux du Monde. Il a d'ailleurs conclu la conférence de presse avec une certaine ironie: «Merci d'être venus aussi nombreux pour un site qui compte huit rédacteurs». 

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