Twitter a passé un accord avec l’américain Gnip et le britannique Data Sift qui pourront exploiter les minimessages archivés pour analyser les informations qu’ils contiennent.

Les «tweets» que l'on poste sur le réseau de microblogging sont-ils à vendre? Manifestement, oui. Twitter a accordé récemment deux licences d'exploitation aux sociétés Gnip et Data Sift, pour la coquette somme de 250 millions de dollars, avec la possibilité d'exploiter deux ans de «gazouillis».
Gnip pourra proposer à ses clients de faire leurs emplettes dans les posts des trente derniers jours, entre liens hypertextes, photographies et followers, quand Data Sift proposera à ses clients jusqu'à deux ans d'archives.

Une vraie mine d'or puisque les acheteurs pourront, par exemple, consulter des tweets sur des sujets spécifiques et les filtrer en recoupant les données géographiques. Une marque pourra ainsi savoir ce que les clients de tel pays, voire de telle ville pensent de son produit. Certes, l'accord ne porte que sur les tweets publiés, et non les messages privés («direct messages») et les tweets supprimés. A priori, Gnip et Data Sift ne pourront pas accéder aux données autour de ces tweets: nom de l'auteur, adresse IP, profil Twitter…
Mais quel est le statut juridique des tweets? Les utilisateurs de Twitter ne peuvent-ils faire valoir un droit de propriété intellectuelle sur leurs «gazouillis»? C'est l'éternelle ambiguïté du réseau: «Il n'est pas sûr que les tweets soient considérés comme des correspondances protégées, mais plutôt comme une forme de communication publique, diffusée sur un réseau social», souligne Etienne Véry, avocat aux barreaux de Bruxelles et Paris.

La recherche de rentabilité

D'autant que Twitter a changé à plusieurs reprises ses conditions générales d'utilisation (CGU), comme le retraçait le site Owni, le 7 mars dernier. Depuis 2009, l'utilisateur «conserve ses droits sur tout contenu qu'il soumet, publie ou affiche, [mais] accorde à Twitter une licence mondiale non exclusive, libre de redevance avec le droit de sous-licencier, utiliser, copier». Equivoque. «Twitter se réserve le droit de modifier ses CGU, mais sont-elles conformes à celles pour lesquelles l'utilisateur a donné son consentement initial?», s'interroge Me Véry.

On redécouvre ainsi que Twitter, qui fête ses six ans d'existence en atteignant 140 millions d'utilisateurs actifs, est un service gratuit destiné à faire du business. Il est en recherche de rentabilité, avec ses nouveaux services destinés aux marques, tels les tweets sponsorisés («promoted tweets»), des minimessages publicitaires utilisés par les marques pour mieux cibler la diffusion de leurs messages promotionnels, proposés depuis peu dans les applications Iphone et Android, ainsi que sur le site mobile de Twitter.

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