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L'affaire des écoutes illégales touche indirectement B Sky B, où James Murdoch vient de démissionner de ses fonctions de président.

Rupert Murdoch est peut-être l'octogénaire connu le plus addict à Twitter. Comme tout utilisateur, il y passe du coq à l'âne, s'extasiant un après-midi sur les bourgeons d'un Central Park qui "n'a jamais semblé aussi beau", annonçant le caractère "inarrêtable" de la collecte de données personnelles avec les nouveaux outils technologiques, déversant son fiel sur le premier ministre britannique David Cameron. Et confirmant à travers son appéciation du succès du Titanic en 3D en Asie, son attrait de businessman pour les "nouveaux marchés".

Des tweets que n'altèrent en rien – c'est probalement le but de la manœuvre – les démissions forcées de son fils James des présidences de News International – activités européennes de News Corp – et de B Sky B, premier groupe audiovisuel britannique. Pourtant, News Corp, qui détient 39,1% de l'opérateur et cherchait à en posséder 100% avant le scandale des écoutes illégales, pourrait avoir à souffrir d'une image écornée de sa plateforme de télévision.

Depuis neuf mois maintenant, en parallèle à la Commission Leveson et à une enquête policière musclée, les révélations se succèdent sur l'ampleur du système, voire de la culture, d'écoutes de personnalités et de corruption de policiers, touchant d'autres journaux de News International, notamment le Sun, et dernièrement, à un degré moindre, la chaîne d'info Sky News.

Deux hommes proches de Rupert Murdoch assurent la transition de la présence de News Corp au Royaume-Uni, notamment au sein de B Sky B. Tom Mockbridge a pris la direction générale de News International et seconde Nicholas Ferguson à B Sky B, qui vient d'être nommé à la présidence. Le but est de faire passer le message selon lequel une certaine culture a pris fin, culture qu'incarne malgré lui James Murdoch. Son départ semble avoir la même fonction sacrificielle que la fermeture du centenaire News of the World et que le renoncement au rachat de 100% des parts de B Sky B par News Corp cet été.

Cela n'a pas empêché l'autorité de régulation de l'audiovisuel, l'Ofcom, d'annoncer la création d'une commission de réflexion sur le renouvellement de la licence de diffuseur de B Sky B, même si personne n'imagine de lourdes sanctions. B Sky B est, avec la BBC, le pilier de l'audiovisuel britannique, et finance une grande partie de la Premier League de football.

Ancien journaliste et chef de rubrique au Sun et à News of the World, journaux pour lesquels il a travaillé pendant trente ans, James Alan Anslow estime qu'"il n'y a plus guère de doute que la domination de la famille Murdoch au sein de News Corp arrive à son terme. On assiste à la fin du culte de la personnalité de Rupert Murdoch, et on sait maintenant qu'aucun héritier ne prendra la relève."

Selon Claire Enders, experte en médias, "il faudra encore deux ou trois années avant que l'ensemble du scandale des écoutes s'atténue. D'ici là, Rupert Murdoch va faire face à une pression grandissante de la part des actionnaires aux Etats-Unis. Il dirige le groupe, mais il ne le possède pas, et pour l'instant il bénéficie simplement d'un renouvellement provisoire de la confiance."

Reste à savoir pour combien de temps encore les esprits hyperrationnels, voire mécaniques, des actionnaires de News Corp supporteront l'idée d'une présence dans un pays où les développements stratégiques sont durablement bouchés.

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