Depuis l’arrêt de son édition papier en décembre, le titre s’offre une seconde jeunesse sur Internet. Il veut aujourd’hui montrer aux annonceurs qu’il a gagné en respectabilité.

Fini les frasques et le champagne. La soirée fastueuse organisée en mars 2010 sur le toit du Centre Pompidou, en plein cœur de Paris, à l'occasion de la nouvelle formule de France Soir est un lointain souvenir. Le vieux journal détenu par Alexandre Pugachev entame une nouvelle vie. Exclusivement sur la Toile.

Fin janvier 2012, un peu plus d'un mois après la parution du dernier numéro papier, la rédaction, réduite à 34 journalistes, a quitté ses vastes locaux des Champs Elysées pour le quartier d'affaires d'Issy-Val de Seine, en face de France 24... et de Stratégies. «Un lieu formidable», jure Dominique de Montvalon, aujourd'hui rédacteur en chef du site, sans doute rassuré par le réalisme des moyens dont dispose désormais France Soir.

«Tout le monde a cru qu'on ne s'en sortirait pas. Nous, nous avions envie de montrer que cette nouvelle aventure, 100% numérique, était gagnable et gagnante», insiste l'ancien directeur de la rédaction du Parisien, qui avait pris la tête du service politique de France Soir en 2010. Organisée en quatre services – politique, fait divers, sport, TV-people – auxquels s'ajoutent un desk central et un pôle vidéo, la rédaction fournit le site en contenus de sept heures à minuit, sept jours sur sept.

«Nous devons être le plus réactif possible. Mais si on se contente d'être réactif, on devient banal», souligne Dominique de Montvalon. D'où la recherche d'une certaine singularité, dans le choix des sujets mais aussi dans le ton des articles. «Nous avons la chance d'avoir une rédaction importante pour un pure player», ajoute Michael Amand, co-fondateur de l'agence Palpix, en charge du volet technique de Francesoir.fr.
Objectif, informer mais également distraire l'internaute, sans tomber dans le sensationnalisme voire le populisme comme a été tenté de le faire le quotidien papier avant sa disparition. «Aujourd'hui, nous sommes un site fréquentable, recherché même. Il n'a jamais été question de se mettre à la remorque de Marine Le Pen ni de n'importe quel candidat», affirme Dominique de Montvalon, interrogé sur les déclarations d'Alexandre Pugachev en faveur de la leader frontiste.

A quelques dizaines de mètres du cœur de la rédaction se trouve le bureau de ce jeune patron de presse de 27 ans. Hormis de vieilles unes du quotidien de Pierre Lazareff, le mobilier est sommaire, la pièce nue. Preuve que ce fils d'oligarque russe, également à la tête de l'épicerie de luxe Hédiard, ne vient quasiment jamais à Issy-les-Moulineaux. Mais il appelle tous les jours, nous assure-t-on.

En procédure de sauvegarde depuis août 2011, France Soir est en sursis. Prochain rendez-vous avec le tribunal de commerce en juin. D'ici là, Francesoir.fr doit confirmer ses audiences pour remporter son pari audacieux.

Les premiers chiffres Nielsen-Médiamétrie cités par France Soir sont encourageants: en janvier, 2,2 millions d'internautes ont consulté le site, en hausse de 102% comparé à janvier 2011. En février, ils étaient 1,8 million. «Quand nous nous sommes lancés, le climat était sceptique voire hostile à notre égard. Aujourd'hui, on sent que l'oxygène arrive de partout», se réjouit Dominique de Montvalon.
L'avenir économique du site est également à construire, avec pour objectif l'équilibre d'ici 2015. Mi-janvier, France Soir a confié la commercialisation de ses espaces, sur Internet mais aussi sur mobiles et tablettes, à la régie Orange Advertising Network. «Le projet nous a semblé ambitieux, passionnant et "clean". Il n'y a plus débat sur la couleur politique de France Soir», estime Sophie Poncin, directrice déléguée de la régie.

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