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Sous le label Pluzz VAD, France Télévisions monétise ses contenus en vidéo à la demande. Le groupe audiovisuel public débarque ainsi dans un marché naissant, en commençant par la Freebox.

France Télévisions se lance à son tour sur le terrain prometteur de la «video on demand» payante (VOD). Depuis quelques jours, les clients de Free peuvent accéder par leur Freebox à la plate-forme Pluzz VAD (comme vidéo à la demande). Au menu, 3 000 programmes des cinq chaînes du groupe audiovisuel public à (re)voir, entre films, séries et fictions, spectacles vivants et magazines.

Ils seront disponibles huit jours après leur diffusion à l'antenne: l'offre payante de Pluzz VAD est ainsi un nouveau maillon à l'offre «à la demande» de France Télévisions, amorcée avec le lancement à l'été 2010 du portail de «catch-up TV» (télévision de rattrapage) Pluzz.fr.

Sur Pluzz VAD, ces contenus seront proposés à un prix de 1,50 et 5 euros, à la location ou à l'achat. Surtout, France Télévisions s'offre plusieurs canaux complémentaires. Outre les Freebox, Pluzz VAD vise la multidiffusion: «Nous serons sur Dailymotion via un corner payant d'ici mi-mai, et sur le site Web de France Télévisions le 31 mai. On prévoit aussi de le déployer en TV connectée avant l'été, sur les tablettes et smartphones en septembre, et chez d'autres opérateurs télécoms d'ici la fin de l'année», précisait Yann Chapellon, PDG de France Télévisions Distribution, lors de la présentation à la presse, mercredi 2 mai.

Combler un certain retard

Côté contenus, le groupe promet 200 nouveaux programmes par mois, et des accords ont été noués avec les principaux producteurs audiovisuels. France Télévisions a déjà au catalogue des films français, grâce à des accords signés avec des studios de cinéma comme Gaumont, Pathé, Studio Canal, TF1 ou Bac Films… «Et des discussions sont en cours avec les majors américaines», précise Yann Chapellon. Le cinéma représente 72% des paiements à l'acte sur le marché de la VOD, d'après le baromètre NPA-GFK publié en novembre 2011.

Le groupe tente ainsi de combler un certain retard, après l'ébauche avortée, en 2006, d'un service de VOD, Francetvod.fr. Il arrive sur ce marché bien après TF1, M6, Canal+ et Arte, dont plusieurs ont intégré leurs offres de vidéo à la demande à des téléviseurs connectés, à la suite de partenariats avec des constructeurs.

Car ce marché est prometteur: il a doublé en 2011, générant un chiffre d'affaires de 230 millions d'euros cette année-là, d'après le Syndicat de l'édition vidéo numérique (SEVN). Certes, «les opérateurs télécoms y sont prédominants», rappelle Philippe Bailly, fondateur de NPA Conseil. Orange serait en tête, devant Canal+, Club Vidéo SFR, My TF1 VOD, Itunes, Free Home Vidéo et Pass M6.

Prochain enjeu: France Télévisions va-t-il passer à l'étape supérieure et proposer des offres de SVOD (vidéo à la demande sur abonnement)? Canal+ avait dégainé la sienne en novembre 2011 avec Canal Play Infinity, un abonnement sans engagement de 9,99 euros mensuels, qui permet d'accéder à tout son catalogue de manière illimitée.

Pour l'instant, «on a opté pour l'achat à l'acte, qui représente 90% du marché de la VOD», précise Bruno Patino, directeur général délégué au développement numérique et à la stratégie de France Télévisions. Mais cela serait à l'ordre du jour pour 2013. Avec pour point faible la chronologie des médias, qui n'impose en VOD qu'un délai de quatre mois pour la diffusion de films après leur sortie en salles, passe à 36 mois pour la SVOD. On est encore loin du modèle américain de Netflix, libre de négocier la fenêtre de sortie d'un film directement auprès des studios… Il en fait rêver plus d'un.

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