radio
La station, qui fête ses 25 ans, entend rester une référence dans un paysage médiatique toujours plus rapide. Après les chaînes d’information en continu, c’est aujourd’hui Twitter qui change la donne.

La révolution de France Info survivra-t-elle à la déferlante Twitter? Lors de sa création le 1er juin 1987, la station publique d'information faisait office de précurseur. «France Info n'a pas seulement bouleversé le paysage radio, elle a aussi modifié à jamais notre rapport au temps et à notre besoin d'informations (...). Désormais, inutile d'attendre le journal radio à l'heure ronde, le JT de 20h ou l'édition du journal du lendemain matin», explique Philippe Chaffanjon, directeur de la station.

Un quart de siècle plus tard, l'heure n'est plus au média d'information en continu unique. Multiplication des chaînes d'information, essor d'Internet et, depuis quelques années, des réseaux sociaux: après avoir contribué à accélérer le temps médiatique, France Info est aujourd'hui bousculée par le rythme qu'impose Twitter.

Pas question, pour autant, de s'emballer dans une course à la montre irréfléchie. «Le rythme s'accélère autour de nous. A France Info, nous n'avons pas choisi d'enfoncer davantage la pédale d'accélérateur, même s'il ne faut pas se laisser distancer. Si cinq minutes de retard nous évitent de percuter l'iceberg, ces minutes seront cruciales», estime Matthieu Beauval, directeur adjoint délégué à l'antenne de France Info.

Dernière illustration en date, et non des moindres, le tweet publié par Valérie Trierweiler le 12 juin dernier, à 11h56, dans lequel elle annonçait son soutien à l'opposant de Ségolène Royal à La Rochelle, Olivier Falorni. «Au départ, on n'y a pas cru. On a pensé à un piratage de compte», se souvient Matthieu Beauval. D'où la décision de ne pas parler du message à l'antenne immédiatement.

Face à la bombe lancée depuis le compte de la Première Dame, une brève est toutefois diffusée au bout de vingt minutes, dans laquelle le journaliste hésite entre piratage de compte et vrai dérapage.

Quarante minutes seront nécessaires pour vérifier l'information, et donc avant que celle-ci ne soit relayée sur l'antenne de France Info. «Un tweet n'est pas une source, c'est un canal qui nous envoie de l'information, et celle-ci reste à vérifier», martèle Matthieu Beauval. «Twitter est un outil d'alerte, qui permet de gagner du temps sur les agences de presse», renchérit Bernard Thomasson, journaliste-présentateur de la tranche 12h-14h de France Info.

Autre exemple, le 14 mai, la rédaction repère des tweets signalant un important incendie dans le quartier d'affaires de La Défense, à Paris. Renseignements pris auprès des pompiers, celui-ci se limite en fait à une concession automobile, une information jugée insuffisamment importante pour être reprise à l'antenne.

«Aujourd'hui, France Info n'est pas doublé par Twitter. Nous apportons la distance, la réflexion et la caution journalistique», souligne Bernard Thomasson. Twitter mais aussi Facebook servent aussi à trouver des témoignages, comme lors du tsunami au Japon en mars 2011 ou après le tremblement de terre en Haïti un an plus tôt. Comme d'autres médias, France Info a aussi couvert en temps réel les premières audiences de Dominique Strauss-Kahn, à New York, grâce aux messages envoyés depuis le tribunal par la correspondante de la station aux Etats-Unis, Fabienne Sintes.

Au quotidien, Bernard Thomasson utilise Twitter pour poser à ses invités des questions envoyées par les auditeurs sur le réseau. «C'est un lien avec l'auditeur que je n'avais pas avant. Et cela peut également me donner des idées de sujet. Les réseaux sociaux ne révolutionnent pas la radio, mais constituent un plus», remarque le journaliste.

Reste qu'avec quelque 105 000 abonnés sur Twitter et plus de 41 000 fans sur Facebook, France Info reste encore loin des médias les plus actifs sur les réseaux sociaux.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.