Télévision
Le groupe prévoit de réduire ses effectifs pour s'adapter à une conjoncture publicitaire et concurrentielle difficile.

La révélation par Lexpress.fr d'un plan de suppression de 300 emplois a vite été démentie par la direction du groupe TF1. Dans un courriel adressé le 19 juin à ses salariés, Nonce Paolini, PDG du groupe, s'est empressé de préciser qu'il ne prévoyait pas de plan de sauvegarde de l'emploi mais de simples mesures d'économies qui passent par un gel pendant six mois des embauches jugées non indispensables et le non-remplacement des départs. Il s'agit de réamorcer ainsi un plan d'économies, engagé en 2008, et qui avait permis de dégager 155 millions d'euros. Cette fois, le chiffre (non confirmé par TF1) de 50 à 60 millions d'euros d'économies pour l'année 2012 circule.

Comment le groupe, qui employait 4122 salariés à la fin 2011, compte-t-il y parvenir? Le PDG a demandé à ses directeurs généraux de «veiller à baisser leurs charges, que ce soit dans le domaine des contrats externes de toute nature de même que dans le fonctionnement quotidien».

Le coût de la grille, qui était passé de 927 millions d'euros en 2009 à 873 millions en 2010 puis 882 millions en 2011 devrait logiquement être à nouveau rogné. Cela pourrait aussi passer par la mise en place d'un plan de départs volontaires si les mesures de non-remplacement ne suffisent pas à alléger la masse salariale de l'équivalent de 300 postes dès cette année. D'ores et déjà, un plan prévoit la suppression d'une trentaine d'emplois à TF1 Vidéo, du fait de l'externalisation d'une partie de l'activité.

Voyants au rouge

Depuis sa privatisation en 1987, la Une a toujours affiché une santé financière florissante et n'a jamais été déficitaire. Le résultat net du groupe est passé de 229,3 millions d'euros en 2010 à 186,1 millions d'euros en 2011 pour un chiffre d'affaires stable de 2,62 milliards d'euros. Dans son courriel, Nonce Paolini justifie ses mesures d'économies par «la situation économique générale qui pèse lourdement sur le dynamisme du marché publicitaire» et «l'univers complexe de concurrence dans lequel nous évoluons».

En mai, du fait des ponts et des incertitudes sur la conjoncture européenne, les chaînes nationales ont vu leurs recettes publicitaires brutes se dégrader de 10,5%. Au premier trimestre, le chiffre d'affaires publicitaire de l'antenne TF1 est en baisse (-3,9%). Et, en dépit de sa future chaîne HD1, le groupe risque de voir son audience globale attaquée par les six nouvelles chaînes de la TNT qui seront lancées en fin d'année. Consacrée au cinéma et à la fiction, avec une part de production propre, HD1 nécessitera aussi un nouvel investissement.

Doper le cours de Bourse

Nonce Paolini veut rendre TF1 et ses filiales «plus agiles et encore plus réactives». Un projet qualifié en interne de «programme fitness». Pour lui, «une bonne gestion n'est pas un projet d'entreprise, mais il n'y a pas de projet d'entreprise sans bonne gestion». La dimension gestionnaire vise sans doute aussi à répondre aux exigences de l'actionnaire, Bouygues, de muscler le cours de Bourse. A près de 6 euros, le titre TF1 se rapproche de son plus bas niveau de mars 2009 et affiche l'une des baisses les plus importantes du secteur médias sur un an (-50%, contre -11% pour l'ensemble du secteur).

Dans une note d'analyse datée du 25 mai, Natixis recommande l'action à l'achat en raison des perspectives d'«optimisation de la base de coûts» du groupe. «Le chiffre d'affaires peut éventuellement s'effondrer (ce qui s'est produit en 2009 et peut éventuellement se reproduire) et conduire à une forte baisse de la marge, mais suite à une période de retructuration (2-3 ans), celle-ci rebondit alors rapidement» écrivent les analystes Jérôme Bodin et Pavel Govciyan.

Jamais dans l'histoire de TF1 (ni dans celle de son actionnaire Bouygues), il n'avait encore été question de réduire les effectifs.
TF1, outre la chaîne homonyme et sa régie TF1 Publicité, contrôle notamment LCI (payante), les deux chaînes de la TNT gratuite TMC et NT1, mais aussi TF6 et Série Club (avec M6), Eurosport, TV Breizh, Histoire et Stylia, ainsi que le quotidien gratuit Metro.

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