Après dix ans aux commandes de Vivendi, le président du directoire quitte le groupe en raison de divergences stratégiques avec Jean-René Fourtou, président du Conseil de surveillance.

Selon Lefigaro.fr, le président du directoire du groupe Vivendi (SFR, Canal+, Universal Music, GVT, Activition-Blizzard, Marc Telecom) a décidé de quitter son poste pour divergences stratégiques avec Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance.

 

L'annonce devrait être faite ce jeudi 28 juin, à l'issue d'un conseil d'administration à 17h. Selon le quotidien, Jean-Bernard Lévy est remplacé de façon transitoire par Jean-François Dubos, actuel secrétaire général de Vivendi.

 

Ce départ intervient après un séminaire annuel du groupe, le week-end dernier à Paris, qui devait explorer des pistes concernant le périmètre du groupe. Jean-René Fourtou semblait plaider pour un démantèlement de Vivendi en poussant à la vente de certaines activités ou en séparant le groupe en en deux ou trois, à l'instar de ce que s'apprête à faire Rupert Murdoch, qui prévoit la scission de News Corporation avec d'un côté la presse et, de l'autre, l'audiovisuel.

 

S'est-il heurté à la volonté de Jean-Bernard Lévy de poursuivre sa stratégie d'intégration numérique, menée depuis dix ans, qui parie sur la convergence entre les télécoms et les contenus ? De source proche, le patron du directoire souhaitait continuer à bâtir un groupe diversifié et lorgnait même Bouygues Télécom, afin de le rapprocher de SFR.

 

De son coté, Jean-René Fourtou, était surtout obnubilé par le cours de Bourse tombé à quelque 13 euros, soit son plus bas niveau d'il y a dix ans, lors de la chute de Jean-Marie Messier. La faute, estime les analystes financiers, à une décote de holding de l'ordre de 32% selon Natexis, qui pénalise le conglomérat de l'entertainment. Jean-René Fourtou, qui ne dispose pas de parachute doré et possède en propre 786 599 actions Vivendi, d'après le rapport annuel 2011, souhaitait aboutir à la vente d'actifs significatifs comme Activision Blizzard, premier sur la liste des cessions possibles, selon Bloomberg.

 

Selon Les Echos, Michel Combes, qui a démissionné de Vodafone pour intégrer l'opérateur mobile français, ne rejoindra finalement pas SFR. C'est Stéphane Roussel, le DRH de Vivendi, qui prend l'intérim. Le 3 juillet prochain, lors d'un comité central d'entreprise de SFR, il devrait présenter aux syndicats un plan de départs volontaires portant sur 500 à 1000 postes. Selon toute vraissemblance, c'est la fourchette haute de cette estimation qui sera retenue, dans le cadre d'une stratégie boursière.
 

La stratégie d'acquisition de Jean-Bernard Lévy a été en outre entravée, le 27 juin, par l'agence Fitch qui a notifié à Vivendi que la perte de son procès contre Liberty Media, qui contraint le groupe français à payer 956 millions de dollars à la suite de son contentieux sur les comptes de Vivendi Universal, mettait de nouvelles pressions sur son «profil de crédit». Le groupe, qui devrait accuser un endettement de près de 14 milliards d'euros en 2012, devrait voir encore réduites ses capacités d'emprunt, déjà limitées à la suite du rachat d'EMI pour 1,4 milliards d'euros et de la concurrence exacerbée de Free. Vivendi a fait appel de la décision du tribunal de Manhattan où il était poursuivie pour «fraude, déclaration trompeuse et dissimulation» en 2003.

 

L'annonce du départ de Jean-Bernard Lévy a été accueillie par une hausse de 5,5% du cours de Bourse, à 13h50, l'action passant au dessus des 14 euros. Une réaction qui laisse penser que le marché mise sur une réduction de la décote de holding par la mise en vente de certains actifs ou le démantèlement au moins partiel du groupe.

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