«Nous serons 30% à 50% moins cher que l'AFP», promet Erik Monjalous, directeur général adjoint de Sipa Press. La nouvelle agence de presse, née du rachat du service français d'Associated Press, sera lancée en octobre prochain. Elle peut d'ores et déjà compter sur les douze journalistes de Diora News, qui animent les sites Internet et mobile d'Orange Actu. Avec les vingt de la rédaction France d'AP, et près de trente recrutements (CDI et CDD), ce sont soixante agenciers que comptera Sipa. Trop peu ? Quand on lui fait remarquer que son agence se battra à un contre trois face à son rival encore en situation de monopole, Erik Monjalous s'illumine: «Le Vatican, combien de divisions?»
Pourtant, ce n'est pas tant la foi des journalistes de Sipa qui fera la différence qu'un système d'information interactif. Sous la houlette de Jean-Luc Testault, débauché de l'AFP où il était rédacteur en chef France, il s'agit de créer une sorte de voix de retour avec les abonnés. La plate-forme de gestion de contenu intégrera en temps réel la demande des rédacteurs en chef. «On pense qu'on peut être plus rapide et plus en phase avec nos clients, affirme Monjalous. On sera en mesure d'approfondir des sujets qui marchent.»
Propriété de la deuxième agence allemande, DAPD, qui capte 30% du marché d'Outre-Rhin et compte déjà 200 journalistes, Sipa Press compte ainsi se distinguer, notamment par sa couverture des sujets société. Face à une AFP encore organisée en silos (texte/photo/vidéo), il s'agit d'apporter du texte et des reportages photo ou audiovisuels en fonction de la demande d'enrichissement. Sipa peut compter pour cela sur ses 600 à 800 photos distribuées quotidiennement et sur une production propre en vidéo (vingt à trente par jour, dont dix à vingt venues d'AP).
Pas question pour autant de transiger sur les valeurs d'exhaustivité, de fiabilité et de vérification, dixit Erik Monjalous. Sipa Press s'appuiera sur le réseau mondial d'AP, qui dispose de 235 bureaux à l'étranger. Et le client, qui aura un accès exclusif au fil monde de l'agence américaine, doit pouvoir se passer de tout autre abonnement. «On verra si l'offre est aussi bonne et on réagira en conséquence», s'est contenté de déclarer Emmanuel Hoog, PDG de l'AFP, le 26 juin. Sipa mise aussi sur une rupture technologique, l'absence de diffusion satellitaire et un flux livré via Internet («file transfer protocol»), pour économiser «plusieurs millions d'euros». «On ne fera aucune économie sur la couverture journalistique», assure Erik Monjalous, qui vise 30% du marché français en trois ans.