Le tribunal de commerce de Paris a prononcé le 23 juillet la liquidation du titre fondé en 1944 par Pierre Lazareff.

«Après le soir vient donc la nuit.» C'est par ces mots que la rédaction de France Soir a dit au revoir à ses lecteurs après la décision judiciaire tant redoutée. Lundi 23 juillet, le tribunal de commerce de Paris a placé le titre en liquidation judiciaire, un peu plus de deux ans après la relance à grands frais du journal de Pierre Lazareff par le jeune milliardaire russe Alexandre Pugachev. Loin de ses objectifs, ce dernier avait déjà décidé en décembre dernier d'arrêter l'édition papier pour se concentrer sur le numérique. Avant de demander le placement en redressement judiciaire de la société quelques mois plus tard.

Seule offre de reprise déposée auprès de l'administrateur judiciaire, celle du groupe Lafont Presse, éditeur du journal Entreprendre. Ce dernier proposait 56 000 euros et le maintien de six emplois sur 49, une offre jugée «scandaleuse» et rejetée à l'unanimité par les salariés et les élus de France Soir.

La liquidation prononcée, France Soir va désormais être vendu «à la découpe». En jeu: le nom du journal, son nom de domaine et son fonds d'archives.

«Cette fin est lamentable, la liquidation a été prononcée en dix secondes, sans aucune explication, France Soir meurt dans l'indifférence», a commenté auprès de l'AFP le secrétaire du comité d'entreprise, Stéphane Paturey. Avec la version numérique de France Soir, «il y avait un début de quelque chose et qui a été tué au fond par les dettes accumulées par notre patron Alexandre Pougatchev avec la version France Soir papier», a estimé pour sa part Dominique de Montvalon, rédacteur en chef du site.

Fondé le 8 novembre 1944 par Pierre Lazareff, France Soir a vendu jusqu'à 1,1 million d'exemplaires par jour. C'était en 1961. Depuis la vente du titre par Hachette en 1976, sa diffusion n'a cessé de décliner. En 1999, le journal est cédé pour un franc symbolique à Georges Ghosn, ancien patron de La Tribune et du Nouvel Economiste. En 2005, après plusieurs changements de main, il est placé en redressement judiciaire, avant d'être repris par le journaliste Olivier Rey et l'homme d'affaires Jean-Pierre Brunois, puis par Alexandre
Pougatchev en janvier 2009.

Soixante millions d'euros investis plus tard, France Soir est aujourd'hui liquidé. «L'information ne meurt heureusement pas avec France Soir. Pour ce titre historique, la nuit tombe, mais dehors le soleil luit», conclut le dernier article publié par la rédaction.

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