Le groupe l’Express-Roularta parie sur le "Long Cours" en lançant un mook mêlant voyages et littérature.

Trois ans après le lancement de XXI, dix-huit mois après leur premier brainstorming, le groupe l'Express-Roularta a sorti, le 16 août, son mook. Long Cours, énième version du désormais célèbre format hybride magazine-book, porte, façon Express, sur le voyage au long cours, et, comme le veut la tradition, le format long plutôt que le court.


«Nous avions déjà un savoir-faire dans la partie édition de livres, puisque nous publions entre soixante et quatre-vingts ouvrages par an sur des sujets argent, déco, etc...», explique Corinne Pitavy, directrice générale du groupe, en cherchant des livres Express édition pour les étaler sur son bureau. L'Express connaît aussi les canaux de distribution en librairies, principalement utilisés pour les mooks. Le pari semble donc sans risque. Le magazine fait autant appel à des journalistes (100 euros le feuillet) qu'à des écrivains, tels Douglas Kennedy ou Sylvain Tesson.

 

Son angle ne s'est en revanche pas imposé tout de suite, comme le raconte le rédacteur en chef Tristan Savin, grand reporter pour Géo et journaliste pour Lire: «Au début c'était censé être un mook société. [La corédactrice en chef] Isabelle Brokman a travaillé sur un premier projet avec une maquettiste.» Le positionnement n'était pas assez précis pour permettre de se distinguer au sein de l'offre croissante. Quand soudain, eurêka: «Les dirigeants se sont dit: les voyages!, explique Tristan Savin. Comme je connais bien ce domaine, et que je travaille pour le groupe depuis huit ans, de fil en aiguille je me suis retrouvé rédacteur en chef et j'ai apporté mes contacts.»

 

Double positionnement

 

Pragmatique, l'équipe n'a pas écarté pour autant les problématiques sociétales: «On va voir ce que ce cela donne, commente Tristan Savin, mais d'après les sondages, ce double positionnement satisfait la demande...» Dans le premier dossier consacré aux « nouvelles militantes » s'est glissée une nouvelle inédite de Douglas Kennedy. «On voulait demander à un écrivain son avis sur la question. Il a eu carte blanche. C'est lui qui a repris l'idée de “guerre des sexes”. Assez décalé par rapport au reste du dossier, mais original. C'était l'idée...», assure Tristan Savin, qui n'a eu aucun problème à convaincre l'Américain.

 

«Fabrice Humbert [qui a écrit pour le deuxième numéro, ndlr], écrivain très apprécié, adapté au ciné, m'a dit: "Ça me fait plaisir, j'ai toujours rêvé qu'on fasse appel à moi pour me commander un reportage"», ajoute-t-il. Ses amis écrivains étaient intéressés par le concept: «On se rendait compte que certains sujets n'étaient pas traités, mal traités. Les journalistes sont formatés. Les mooks ne faisaient pas assez appel aux écrivains.»

 

L'Express espère écouler 15 000 exemplaires du trimestriel, vendu 15 euros. «Je ne sais pas si les gens les lisent en entier, avoue Corinne Pitavy. Mais il y a sur le marché des personnes qui en ont marre de l'actu, qui ont des centres d'intérêts, qui se sentent appartenir à une tribu: si vous aimez la photo, vous achetez 6 mois, si c'est France culture, vous achetez France Culture Papier. Et puis laisser traîner un mook, le lire en vacances, c'est assez "positionnant"Long Cours va-t-il séduire les littéraires et les aventuriers? Corinne Pitavy hausse les épaules: «Ce serait idiot de ne pas essayer».

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