Audiovisuel
L'augmentation de la redevance de 2 euros, hors inflation, n'apparaît pas suffisante pour garantir la pérennité des ressources du groupe public.

Dans son malheur budgétaire, France Télévisions peut dire merci au Centre national du cinéma (CNC). Sans le prélèvement exceptionnel de 150 millions d'euros opéré sur le CNC, le groupe aurait peut-être été mis à contribution de façon plus forte encore. Certes, en rognant sa dotation de 85 millions d'euros, soit un recul de 3 à 4% sur les 2,243 milliards d'euros de ressources consentis à France Télévisions, le gouvernement montre que l'audovisuel public n'échappe pas à l'effort de redressement des finances. Mais on est loin des 150 voire des 200 millions d'euros d'économies évoqués il y a un mois.
C'est qu'Aurélie Filippetti, la ministre de la Communication, ne peut ignorer que France Télévisions traverse une mauvaise passe publicitaire. Après avoir constaté un retard de recettes de publicité de 30 millions d'euros à la fin août, Rémy Pflimlin, le président de France Télévisions, a évoqué le chiffre de «50 millions d'euros» lors d'une audition à l'Assemblée nationale. Et l'écart risque encore de s'alourdir à près de 70 millions d'euros à la fin 2012. Résultat, c'est de quelque 155 millions d'euros que le groupe va devoir se passer en 2013 si la conjoncture publicitaire reste sur cette pente glissante.

 

Renégociation des objectifs et des moyens

La ministre fait valoir sa «volonté de préserver les engagements audiovisuels et du cinéma». En clair, pas question de toucher à la contribution à la création de France Télévisions qui se monte à 420 millions d'euros, via le compte de soutien à l'industrie des programmes (5,5% du chiffre d'affaires). Si la tutelle a consenti une hausse de 2 euros de la redevance (sans compter une majoration de 2,5 euros liée à l'inflation), elle veut aussi obtenir de solides économies sur les coûts de structure.

Aux 5% de réduction des effectifs sur les 10 000 que le groupe s'est engagé à réaliser entre 2011 et 2015, un avenant au contrat d'objectifs et de moyens pourrait ajouter 500 emplois supplémentaires. Le rapprochement des rédactions nationales de France 2 et France 3 va dans ce sens. En signe de protestation, la CGT et FO ont appelé à une journée de grève mardi 2 octobre.
La renégociation du contrat d'objectifs et de moyens dira où placer le curseur budgétaire. Elle n'épargnera pas la question des contenus. France Télévisions, qui a augmenté sa part de production locale propre, pourra-t-il assurer le même service d'information? Dans le Sud-Ouest, il a été décidé de suspendre des rédactions locales pendant les vacances plutôt que de faire appel à des emplois non permanents. Déçue par une hausse modérée de la redevance, la Société civile des auteurs multimédias (Scam) s'inquiète, elle, des menaces qui pèsent sur la création, alors que l'Etat a provisionné 1,3 milliard d'euros au cas où Bruxelles le condamnerait à rembourser les opérateurs télécoms pour sa taxe de 0,9% sur leur chiffre d'affaires.

«Le rythme des économies qui nous seront demandées doit être planifié afin de ne pas fixer, notamment en 2013, des objectifs inatteignables et compromettant nos missions. L'équation budgétaire à venir risque de conduire à l'effet inverse de celui recherché et de mettre un coup d'arrêt à la marche de l'entreprise», a lâché Rémy Pflimlin devant les parlementaires. Cela ira-t-il jusqu'à une redéfinition du cahier des charges afin de faire clairement de la qualité un objectif indépendant de l'audience? Aurélie Filippetti le laisse penser quand elle déclare le 1er octobre à l'AFP: «La course à l'audimat, sur le même terrain que des chaînes commerciales, n'est pas la bonne manière d'envisager une stratégie pour le service public audiovisuel.»

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