Institutionnel
Demandée par le Premier ministre, une "réflexion" est engagée en vue du rapprochement des régulateurs de l'audiovisuel et des télécoms. Zizanie assurée.

Invité le 12 octobre de l'Association des journalistes médias, le président du CSA Michel Boyon n'a pu cacher son énervement contre l'Arcep. Outre la création d'une «instance commune» aux deux régulateurs ou la fusion pure et simple sur le modèle de l'Ofcom britannique, l'agence de régulation des télécoms préconise comme alternative - dans son rapport de «réflexion» transmis au gouvernement - une «spécialisation accrue des deux autorités»: «l'Arcep assurerait la régulation technico-économique des deux secteurs et le CSA la régulation des contenus audiovisuels», écrit-elle.
«Je ne me permettrais pas de suggérer de couper une institution si je n'en suis pas membre», a répliqué Michel Boyon pour qui «le CSA prend un tour de plus en plus économique et technologique», comme l'a montré l'examen du rachat de D8 par Canal+. Pour lui, plusieurs scénarios sont possibles: simple coordination, institution avec deux collèges, deux instances et président commun, fusion avec collège unique... «Je pense qu'il faut aller relativement loin quitte à ce qu'il y ait des étapes, a-t-il ajouté. (...) Si on ne le fait pas maintenant, on le regrettera peut-être.» L'IP TV, les offres triple play ou la télé connectée montrent que les domaines de compétences s'interpénètrent...

 

De faibles économies en vue

Si l'Arcep se montre aussi proactive, c'est qu'elle a peur de tomber sous la coupe de la régulation audiovisuelle. Elle sait bien qu'il s'agit d'articuler au mieux l'instance qui naîtra d'un éventuel rapprochement de la refonte des règles de l'exception culturelle engagée par la mission Lescure. Là où les deux institutions sont d'accord, c'est qu'il ne peut s'agir simplement de rogner les coûts.

«On réalisera des économies de bouts de chandelle», dit Michel Boyon, même s'il reconnaît que «sur le plan symbolique» la tentation peut exister d'alléger deux budgets qui pèsent 33,1 millions d'euros pour un effectif de 293 personnes au CSA et 22,8 millions d'euros pour 174 personnes à l'Arcep. «Ou bien l'on décide pour les cinq années qui viennent que le système actuel est bien, ou bien, si l'on dit qu'il faut quand même changer les choses, alors il faut que l'on ait une réponse qui soit à la hauteur des enjeux.» Le CSA donnera un avis collégial «fin octobre-début novembre».


Encadré

 

Vers un retrait d'I-Télé de D8

Michel Boyon va demander une «délibération» afin d'interdire la diffusion matinale d'I-Télé sur D8, arguant qu'il en va de l'intérêt du téléspectateur de «ne pas retrouver simultanément le même programme» sur la TNT. Euronews sur France 3 et France 24 sur Numéro 23 ne sont pas concernés.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.