Audiovisuel
Aurélie Filippetti a annoncé qu'elle allait donner au CSA, dans la prochaine loi sur l'audiovisuel, les compétences voulues pour assurer une meilleure représentation des femmes à la radio et à la télévision.

«Combien de femmes assassinées dans les scenarios? Cela véhicule dans l'imaginaire des représentations inquiétantes.» Tout à l'idée de démontrer que la télévision était appelée à évoluer en faveur de l'égalité hommes-femmes, Aurélie Filipetti a pris l'exemple de la fiction pour mettre en évidence la nécessité pour le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) d'avoir «une vigilance particulière» en faveur d'une représentation équilibrée des sexes sur les écrans. Cette déclaration, relayée sur Twitter, a suscité une certaine incrédulité. Laurent Marsick, journaliste à RTL, a ainsi compté 6 femmes assassinées sur 67 meurtres revendiqués par Dexter et 18 femmes pour 62 épisodes de Section de recherche«où il y a un mort à chaque fois»...
Ce sera au nouveau groupe de travail sur les droits des femmes du CSA, présidé par Sylvie-Pierre Brossolette, d'assurer le suivi de la place des femmes dans les médias audiovisuels. «C'est terrible de voir combien les femmes sont absentes des plateaux, où 20% d'expertes seulement sont conviées, a déclaré le 28 février au Parisien la nouvelle membre du CSA. Et, quand elles ont la chance d'être présentes, elles sont parfois cantonnées au rôle de potiches ou interrogées sur les problèmes d'éducation.»

Radios et publicités également concernées

Lors d'une conférence de presse, le 1er mars, à l'occasion de la première réunion du comité interministériel pour l'égalité entre les hommes et les femmes, la ministre de Culture et de la Communication a annoncé qu'elle allait «compléter» la loi de 1986, par un article dans la future loi sur l'audiovisuel, attendue en fin d'année, afin de donner au CSA les compétences nécessaires. «Il s'agit de veiller à la promotion de l'image des femmes, de lutter contre les stéréotypes sexistes et les images dégradantes», a-t-elle déclaré.

Sylvie-Pierre Brossolette a confié à Stratégies que les radios étaient aussi concernées, même si l'on en compte plus de 800. Elle prévoit de confier à cinq ou six étudiants en journalisme le soin d'assurer un suivi des émissions et de valider l'appréciation qualitative qui en résultera par un «comité intellectuel».

Aurélie Filippetti a de son côté indiqué qu'elle souhaitait dans la publicité des spots «positifs» en faveur de l'égalité. En réponse à une question d'un journaliste, Sylvie-Pierre Brossolette a ajouté que le CSA «n'allait pas se mettre à faire le gendarme pour toutes les pubs où l'on voit une femme sortir son linge» mais qu'il pouvait intervenir s'il constatait des publicités sexistes, y compris auprès des agences de publicité. «La publicité fait partie des programmes et nous avons notre mot à dire», a-t-elle déclaré.

Valoriser le sport féminin

La ministre de la Culture, qui a envoyé une circulaire à 270 dirigeants d'institutions culturelles pour les inciter à «inverser la tendance tant dans les choix de programmation que dans l'accès aux moyens de production», a précisé qu'elle ne comptait pas imposer la nomination de femmes aux postes dirigeants mais mettre en place des jury de nomination qui «devront tendre à être paritaires»: «Je ne vais pas intervenir dans la programmation, mais la liberté de programmation ne doit pas être un prétexte à ne pas programmer des femmes.»

Le Comité interministériel pour l'égalité va s'appuyer sur un observatoire «permettant de rendre visible l'invisible et montrer les progrès réalisés». Sur le plan de la retransmission des événements sportifs, la ministre a annoncé une modification du décret du 22 décembre 2004 qui garantira la diffusion d'événements sportifs majeurs en précisant «aussi bien masculins que féminins».
Critiqué lors de la conférence de presse pour le caractère très masculin de son organigramme, Rémy Pflimlin, président de France Télévisions, a précisé que son comité exécutif comptait «38% de femmes» et que la proportion s'était élargie dans son comité de direction. Il a aussi rappelé que son groupe diffusait déjà des épreuves féminines de ski ou de football, qu'il luttait contre les stéréotypes notamment dans les dessins animés et qu'une attention particulière était accordée afin de renforcer la place des expertes dans les émissions (notamment sur France 5). A partir du 2 mars, il mobilisera pendant une semaine toutes ses antennes dans l'opération «En avant toutes» à l'occasion de la Journée internationale de la femme.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.