La vedette médiatique s'épelle en trois lettres: PSG. Plus fort que Jérôme Cahuzac, Gérard Depardieu, Nabila ou les guerres au Mali et en Syrie, le club de la capitale a dominé l'actualité de ces derniers mois. Comme dans une série, les rebondissements se sont enchaînés: Zlatan Ibrahimovic et le succès du verbe «zlataner», la folie autour du «spice boy» David Beckham, la célébration du championnat qui finit en guérilla urbaine, puis le feuilleton Carlo Ancelotti (partira? partira pas?). L'Equipe a recensé plus de 500 000 retombées médiatiques plurimédias (ex-unités de bruit médiatique) pour la demi-finale retour de la Ligue des champions contre Barcelone, le 10 avril. L'événement sportif a fait jeu égal dans les médias avec la disparition de Margaret Thatcher et engendré 376 414 tweets, selon Mesagraph. La diffusion du match en crypté a, elle, fait exploser les records d'audience de Canal+. Même Manuel Valls, ministre de l'Intérieur (et supporter du Barça), a ressenti l'effet PSG quand il a dû désamorcer les critiques sur sa gestion des débordements survenus au Trocadéro le 13 mai.
Flagship du foot français
Cette omniprésence médiatique n'a pas été du goût de tout le monde. Les auditeurs de France Info se sont ainsi plaints auprès du médiateur de Radio France Jérôme Bouvier à propos de la fréquence des sujets sur le PSG. «Le PSG est devenu le "flagship" du foot français et un formidable vecteur de communication. Mais si le feuilleton continue - quel entraîneur pour remplacer Ancellotti? Quelle star à la place de Beckham? -, il y a un risque de lassitude de l'opinion», analyse Virgile Caillet, directeur général de Kantar Sport. Par ailleurs, la cote d'amour du PSG n'est pas bonne, comparée à celle de Marseille ou Saint-Etienne. «Les Français se méfient des Qataris, et le PSG reste le club de la capitale, des puissants et des médias», estime Frédéric Dabi, directeur général adjoint d'Ifop, qui annonce déjà le prochain épisode du feuilleton PSG: la rivalité avec Monaco, financé par un milliardaire russe, Dmitri Rybolovlev.
(3 experts)
Un spécialiste du marketing sportif
Virgile Caillet, directeur général de Kantar Sport
Non. Le PSG est un cas de figure unique en France. Il incarne parfaitement la notion de «sportainment», mélange de sport et de divertissement. Les multiples événements autour du club et l'aspect feuilleton ont fait le buzz et intéressé les Français. Mais pas seulement: les articles dans la presse étrangère ont été multipliés par dix au minimum. Le PSG fait rêver les gens. L'arrivée de Beckham a ainsi créé 5 000 retombées médiatiques plurimédias en deux jours. Chaque Français y a été exposé cinq fois en moyenne. C'est énorme!
Un journaliste
Jérôme Bouvier, médiateur de Radio France
Oui. J'ai rapporté les doléances des auditeurs à deux reprises sur France Info à propos de l'omniprésence du PSG dans les médias, avant la demi-finale contre Barcelone et après les violences au Trocadéro. Les nombreux mails d'auditeurs atterrés ont montré un point d'exaspération autour du PSG. C'est un reproche récurrent, qui fait écho à une problématique plus large, la rivalité province-Paris. C'est aussi une critique sur l'hypertrophie du traitement du foot depuis l'arrivée du Qatar et le triomphe du sport business incarné par le PSG et ses stars.
Un sondeur
Frédéric Dabi, directeur général adjoint d'Ifop
Oui. L'actualité sportive n'est pas la priorité des Français. Hors événements exceptionnels comme la Coupe du monde, seuls 25 à 30% s'y intéressent de près. Mais la saison 2012-2013 du PSG a fait sortir le club du strict registre sportif. Les troubles au Trocadéro ont fortement marqué et relancé la polémique sur l'insécurité. Politiquement, ils ont été utilisés par l'opposition. Reste que le foot est loin d'être le principal sujet d'intérêt de l'opinion. Il arrive largement derrière le chômage et la crise, lesquels priment d'ailleurs sur l'affaire Cahuzac ou le mariage pour tous.
