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Le bimestriel Chronic'art se rebaptise, et se rencontre sur le cinéma et les sujets culture, toujours avec une approche geek et impertinente.

«En France, disait François Truffaut, tout le monde a deux métiers: le sien, et critique de cinéma.» La critique? Elle a pu, parfois, jeter un voile sur de belles amitiés, tuer dans l'œuf des histoires de cœur naissantes, mettre au jour des différends insoupçonnés... Lors des discussions de sorties de salles, ce sont souvent des mondes qui s'opposent.

Dans le style abrasif, Chronic'art s'est toujours distingué par ses parti-pris dissonants, ses pas de côté rafraîchissants vis-à-vis des béguins de la nomenklatura culturelle. Du film de Benoît Jacquot, Les Adieux à la Reine, dont le casting voluptueux (Léa Seydoux, Virginie Ledoyen et Diane Kruger) avait laissé les journalistes cinéma dans un état de sidération amoureuse, les critiques du bimestriel écrivaient: «Cet opus est un produit grand luxe se laissant voir sans ennui, honnête mais jamais surprenant.»

Quant au dernier Judd Apatow, 40 ans, mode d'emploi, qui a mis en transe toute la presse grand public, Chronic'art en pointe la veine comique tarie, «dans l'impression qu'une famille aussi heureuse qu'ennuyeuse nous offre sans retenue les portes de son paradis petit-bourgeois».

Et c'est sur le septième art que se recentre - en partie - le remake du titre. Pardon, son «reboot»: «Nous sommes en kiosque depuis douze ans, explique Cyril de Graeve, directeur de la rédaction, mais nous avons choisi d'effectuer un changement radical, en redémarrant carrément au numéro un, et en nous rebaptisant.»

Appelez-le désormais Chro. Sans aucune fine allusion au houblon: «A cause de notre nom, on nous confondait souvent avec Technikart, rappelle Cyril de Graeve. De plus, les kiosquiers nous plaçaient souvent à côté de titres comme Beaux-Arts ou Art Press. Or nous ne parlons pas d'art. Nous parlons de culture.»

Saveur pétillante et acide

Le redémarrage du titre prend pour inspiration des titres anglo-saxons comme Empire (Bauer). De ceux qui, dans leurs classements des meilleurs films de tous les temps, font se côtoyer, sur les premières marche du podium Le Parrain et Les Aventuriers de l'arche perdue, Apocalypse Now et L'Empire contre-attaque. Et mettaient récemment en «une» J.J.Abrams. Tout comme le numéro un de Chro, qui consacre un long entretien au créateur de Lost et réalisateur des deux dernières versions cinéma de Star Trek.

«Comme Empire, nous avons un côté geek», reconnaît Cyril de Graeve. Le Chronic'art d'antan, qui faisait la part belle aux jeux vidéo et à la cyber-culture, était d'ailleurs «pointu, trop pointu», admet son créateur, qui a mis en place 40 000 exemplaires de Chro (5,90 euros), et espère en vendre la moitié.

«Nous restons le magazine culturel de la génération Internet, avec un lectorat dont l'âge moyen va de 18 à 35 ans. Nous continuons à nous reconnaître dans des magazines comme Wired.»

La saveur de Chro reste pétillante et acide, avec un portrait des auteurs de South Park et une critique lapidaire du Passé, d'Asghar Farhadi, «nouvelle coqueluche du world cinéma au sérieux empesé». «Pour nous, un titre comme So Film, qui explose les canons de la presse cinéma, est un exemple à suivre», reconnaît Cyril de Graeve.

Chro, prévient son directeur de la rédaction, «va commencer à arpenter les territoires de l'édition en prévision de la rentrée littéraire». En préliminaires, avec des philosophes ou des personnalités comme Brigitte Lahaye, «on va parler de sexe cet été». Sur ce sujet non plus, Chro ne sera certainement pas tiède.

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