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Passée de France 4 à D8 en octobre dernier, Touche pas à mon poste s’est imposée comme le phénomène d’audience de l’année en jouant sur la bonne humeur et la proximité.

«Puisqu’on a dépassé le million de téléspectateurs hier, il y aura un animal sur le plateau ce soir»: rituel inhumain que celui adopté par Cyril Hanouna pour célébrer le succès de l’émission qu’il produit et présente chaque jour en direct sur D8 (18h40-20h20). Touche pas à mon poste (ou TPMP), talk-show survitaminé associant images marquantes de la télé, actualité, chansons, danses, jeux et blagues à gogo, pioche dans tous les genres télévisuels. Et ça marche.

Depuis son arrivée sur D8, l’émission est en constante progression, de 360 000 téléspectateurs en octobre à une moyenne de 850 000 entre janvier et mai 2013 (4,4% de part d'audience). Soit deux fois plus que Jean-Marc Morandini sur cette case la saison précédente (en moyenne 420 000 téléspectateurs pour 2% de PDA entre janvier et mai 2012).

Le rendez-vous est créé. Beaucoup attribuent ce succès à l'animateur, tout aussi hilare et énergique à l’antenne qu’en coulisses où il houspille gentiment sa bande de chroniqueurs avant le direct. Une simplicité naturelle qui transparaît à l’image et «crée la connivence», souligne la sémiologue des médias Virginie Spies: «Hanouna se place du côté du public, ce qui est la force des animateurs populaires».

Pour l'intéressé, cependant, «le succès vient de l’ambiance créée par l’équipe» de chroniqueurs réunie autour de lui. Une alchimie réussie entre des profils complémentaires, caricaturés à l’antenne comme des personnages de feuilleton. «Mais notre vrai rôle c’est de dire ce qu’on pense», précise le chroniqueur et journaliste de L’Express Christophe Carrière.

Cyril Hanouna s’est habilement entouré de professionnels de la télévision, depuis le producteur Gérard Louvin jusqu’aux journalistes François Ouisse (Télé Loisirs) et Thierry Moreau (Télé 7 jours). Ce dernier réfute tout conflit d’intérêt: «Ma règle est de ne jamais susciter ni relire de sujets sur TPMP Mais il se réjouit que sa participation à l’émission «modernise l’image du journal».

 

Zapping festif

 

Autre ressort de l’émission, des invités qui font le «buzz», comme la chanteuse Joyce Jonathan (petite amie de Thomas Hollande) ou le proxénète Dodo la Saumure, qui a été jusqu'à évoquer à l’antenne la taille du sexe de DSK. Mais «les invités ne font pas le score», tempère Cyril Hanouna.

La réussite du format repose beaucoup sur son passage au direct lors de son arrivée sur D8, avec une multiplication des «happenings»: autant d’occasions de se déguiser que de solliciter les réactions de l’importante communauté de TPMP sur les réseaux sociaux. «Cyril s’adapte en permanence, même en cours d’émission», témoigne François Ouisse.

«Le programme est très formaté mais donne l’impression d’être foutraque, analyse Virginie Spies. C’est une sorte de gros zapping, adapté à cet horaire où les téléspectateurs font souvent autre chose en même temps.»

Dans un contexte morose,Cyril Hanouna détonne, prenant soin en fin d’émission de clamer que «la vie est une fête». «Un plateau gai, des couleurs, une bonne ambiance: ce sont les promesses du divertissement», constate la sémiologue.

Et en digne représentante de la «feel good TV», cette émission qui se revendique «familiale» évite la méchanceté. Quitte à frôler la «bien-pensance» selon Virginie Spies: «On va aussi dans cette direction pour les annonceurs, qui n’ont pas envie d’être accolés à un programme négatif. D’autant que l’émission porte l’image que veut donner la chaîne.»

Cyril Hanouna vient de signer pour trois nouvelles saisons de TPMP et développe d'autres projets sur D8. Mais «surtout en production et pas en animation», précise celui qui avoue sa «peur de lasser». Si le petit écran lui fournira «toujours de la matière», il le rappelle chaque soir: «La télé, c'est que de la télé.»

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