Chaque matin, leur chronique est écoutée par des centaines de milliers d’auditeurs. A la rentrée, de nouvelles voix feront leur apparition, tels Daniel Cohn-Bendit et François Lenglet.

C'est à l'antenne, en février dernier, qu'il s'est fait repérer par la direction d'Europe 1. Au micro de Bruce Toussaint, Daniel Cohn-Bendit se déclare libre de tout engagement, ne voulant pas se représenter pas aux élections européennes de 2014. «Fabien Namias [directeur général d'Europe 1] l'a pris au mot», se souvient Nicolas Escoulan, directeur adjoint de la rédaction. En septembre, c'est sur cette même antenne que le trublion de la vie politique française et européenne fera sa rentrée avec un billet d'humeur quotidien dans la nouvelle matinale de Thomas Sotto. «Dany est quelqu'un que tout le monde connaît et qui a une parole libre sur tous les sujets d'actualité. Il a un point de vue à contre-courant, c'est l'intérêt d'un éditorialiste», estime Nicolas Escoulan.

Comme Daniel Cohn-Bendit, de nouveaux éditorialistes feront leur apparition sur les grilles des radios généralistes à la rentrée. Ainsi Nicolas Barré, directeur de la rédaction des Echos, prendra en charge une chronique économique sur Europe 1. Du côté de RTL, ce sera François Lenglet, rédacteur en chef à France 2. «Dans le flot d'informations brutes, c'est important d'avoir des instants de réflexion et d'analyse. D'où le renforcement de notre offre sur l'économie», explique Jacques Esnous, directeur de l'information de RTL.

Rue Bayard, la rentrée sera surtout marquée par l'arrêt de l'édito politique d'Alain Duhamel dans la matinale de Laurent Bazin. Après quatorze ans passés à se plier à cet exercice matinal (après Europe 1), le journaliste emblématique change de case et rejoint l'équipe de RTL Soir. Alain Duhamel justifie sa décision par les affaires DSK et Cahuzac, qui l'ont «écœuré» de la politique. Pour Jacques Esnous, c'est un chouia plus prosaïque: «Il voulait continuer à faire ce beau métier qui est le sien, mais pas aux mêmes horaires.» Pour lui succéder, la station n'a pas pris de risque. Elle a confié l'exercice à Alba Ventura, chef du service politique depuis mai 2012 et en charge d'une chronique quotidienne sur les coulisses de la vie politique, Les Carnets d'Alba. «C'est une voix que les auditeurs de RTL ont l'habitude d'entendre», rappelle Jacques Esnous.

Déclencheur d'audience supplémentaire

«Les éditorialistes symbolisent le ton qu'une radio souhaite donner à son programme, note Jean-Pierre Cassaing, directeur du pôle radio chez Havas Media. Mais ce n'est pas que de la communication, c'est aussi un carrefour d'audience.» Diffusé à 7h40, l'éditorial d'Alain Duhamel prononcé sans notes – l'idéal pour la vidéo – rassemblait ainsi 1,9 million d'auditeurs au 1er trimestre 2013, en hausse de 12% sur un an. Alba Ventura parviendra-t-elle à maintenir ce niveau? «L'arrivée de nouvelles signatures peut susciter de la curiosité et ainsi être un facteur d'audience supplémentaire, même si ce n'est pas le facteur déclenchant», reconnait Jacques Esnous. «Pour Daniel Cohn-Bendit, il y aura un effet de curiosité inévitable», ajoute Nicolas Escoulan.

D'où l'importance de faire le bon choix. «C'est un exercice difficile, souligne Matthieu Aron, directeur de la rédaction de France Inter. Cela demande de l'expertise, donc de l'expérience, et la capacité à garder une certaine fraicheur.» Le positionnement politique entre-t-il en ligne de compte? Tous s'en défendent. «Les éditorialistes sont là pour donner du relief, du piquant et pour créer le débat le matin», assure Nicolas Escoulan. Pour Jean-Pierre Cassaing, d'Havas Media, les éditorialistes proposent à leurs auditeurs des analyses critiques de l'actualité: «Les éditos très engagés ne sont pas si nombreux que ça», estime-t-il. Parmi les exceptions,  citons Eric Zemmour le mardi et le vendredi sur RTL.

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