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En épousant son rival américain Tech Media Network, Best of Media rejoint un groupe de 72 millions de visiteurs uniques par mois qui vise une entrée en Bourse.

Ne dites pas à Alfred Vericel que Best of Media, le groupe digital à succès qu'il a créé (Tom's Hardware, Tom's Guide...), a été vendu aux Américains de Tech Media Network. Certes, il ne s'agit pas d'une fusion entre égaux, puisque la part des Français dans le nouvel ensemble est évaluée à 30 ou 33%. «Nous avions le risque d'être marginalisé, argue-t-il. Pourquoi ne pas raisonner en création de valeur dans un monde qui se pense global?» D'ailleurs, le dirigeant, qui vit en Californie et reste actionnaire, n'a pas de mots assez durs sur Arnaud Montebourg, qui a contraint Orange à renoncer à la vente à Yahoo de 70% de Dailymotion: «On le paye par l'image de la France: ils nous prennent pour des communistes...»

Martingale des médias

Pour lui, fusion il y a, donc, et non cession. Créé en juin 2000, ayant bénéficié d'une des plus grosses levées de fonds du Web français grâce à Index Ventures (22,5 millions d'euros), Best of Media garde son centre de R&D à Grenoble. Et si Alfred Vericel n'aura plus de fonction opérationnelle à la fin 2013, il précise que c'est parce qu'il n'a pu obtenir la codirection du nouveau groupe, appelé d'ailleurs à changer de nom à cette date. «Avec 10% du capital, j'étais CEO d'une boîte qui n'était déjà plus la mienne», rappelle-t-il. Le nouveau patron, Greg Mason, ex-directeur général de CNET, est pour lui plus adapté à l'ambition affichée: s'introduire en Bourse, au Nasdaq, «d'ici douze à dix-huit mois». A cette échéance, le groupe vise 100 millions d'euros de chiffre d'affaires. «Nous avons avec Tech Media 72 millions de visiteurs uniques par mois, derrière CNET qui en totalise 80 millions. On veut les déloger de leur leadership», dit-il.
Best of Media a-t-il trouvé la martingale des médias? Alfred Vericel n'est pas loin de le penser. Avec plus de 30% de croissance en 2012 et 2013, il recueille les fruits de ses investissements. En 2008, pourtant, en pleine crise des subprimes, quand il s'est séparé du quart de ses effectifs et qu'il a décidé de geler ses dépenses marketing et commerciales au profit d'une plateforme unique optimisée pour ses contenus, il a «douté». Patrick Miceli, directeur Engineering Yahoo Answers, a été alors recruté comme chief technology officer. Aujourd'hui, aux deux C de contenus et de communautés, il se prépare à ajouter celui de commerce en profitant de la plateforme shopping de Tech Media, via des liens qualifiés depuis ses «top ten review» (900 catégories). Une publicité à la performance qui peut aujourd'hui se déployer grâce à un modèle qui emploie un tiers de rédacteurs: «Sans contenus, il n'y a ni communauté ni shopping», rappelle-t-il.

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