Audiovisuel
Genre historique de la télévision, l’émission de jeu, qui permet de fidéliser un public familial, semble indémodable. Ce n’est pas le cas de la radio, qui lui tourne le dos.

Le Cube, Avec ou sans joker, Le 4e Duel... C'est l'été de tous les tests pour France 2. En juillet et août, la chaîne de télévision met à l'antenne de nouveaux jeux. Objectif: trouver le meilleur dispositif pour la tranche de l'avant-soirée à la rentrée. La case est stratégique, car avant 20 heures, la publicité est de mise. Les jeux servent à minimiser les risques.
Avec des audiences stables, grâce à la fidélité du public, et surtout un rapport coût / audience très rentable, le jeu TV rassure programmateurs, annonceurs et acheteurs d'espaces publicitaires. «C'est une base solide pour des plans médias, confirme Philippe Nouchi, directeur de l'expertise chez Vivaki (Publicis). Ce n'est pas un environnement éditorial très qualitatif, mais il n'y a jamais de frein de la part des annonceurs.»
Selon Médiamétrie, l'an passé, les programmes de jeux ont occupé 3,8% du temps d'antenne des chaînes hertziennes nationales, autant qu'en 2011, pour 9,8% de l'audience totale, soit un rapport de 1 à 2,6! Seuls les journaux TV font mieux, avec un rapport de 1 à 4,7.

 

Une mine d'or pour les chaînes

«C'est un must à l'heure du déjeuner, ajoute Philippe Nouchi. Cumulées, les parts d'audience des jeux de TF1 et France 2 atteignent 55%. La tranche de l'avant-soirée est plus concurrentielle.» Si TF1 maintient une part d'audience de 22,6% en moyenne, c'est plus difficile pour France 2 avec 10,3%. D'où le besoin de redynamiser cette tranche entre 19 heures et 20 heures.
«Le jeu TV est une mine d'or pour les chaînes, car il ne coûte pas très cher à produire, les émissions sont réalisées en rafale, et le public intéressé est familial et large, explique François Viot, auteur du Jackpot des jeux télé (Edition du Moment, 2009). De plus, le jeu permet de structurer la grille d'une chaîne.» Toutefois, toutes les mécaniques ne fonctionnent pas. «Un jeu se règle au millimètre, ajoute celui qui est aussi directeur général adjoint de Télécâble Sat Hebdo. Il n'y a pas de recette miracle.» Une horlogerie suisse qui pousse les programmateurs à aller voir les jeux déjà éprouvés à l'étranger plutôt que d'en essayer de nouveaux. Paradoxalement, Le4e Duel, programmé cet été sur France 2, a été expérimenté à l'étranger, malgré une création purement française.
En radio, le jeu est devenu l'exception. Parmi les généralistes, seul France Inter lui accorde une case quotidienne. A l'antenne depuis 1958, Le Jeu des 1 000 euros rassemble chaque jour 1,4 million d'auditeurs entre 12h45 et 13h00, soit le programme le plus écouté à cette heure-là toute station confondue.
Il y a deux ans, RTL a supprimé de sa grille son jeu quotidien La Bonne Touche, pour y installer Stéphane Bern, reléguant le programme au week-end. Une première. «Le jeu fait partie de l'ADN de RTL, mais ce n'est plus un format indispensable en semaine», estime Christopher Baldelli, président de RTL. Europe 1 n'en fait pas non plus une priorité: «Quand un champ a été très investi par la concurrence, on perd du temps à aller sur ce terrain», estime Fabien Namias, son directeur général.
Chez les musicales jeunes en revanche, on joue encore beaucoup. Chaque matin dans le 6-9 de NRJ, Manu Levy double le salaire de deux auditeurs. «Nous recevons plus de 10 000 bulletins de salaire par jour», chiffre Jean-Paul Baudecroux, président du groupe NRJ.


Encadré

 

Dans les coulisses du Jeu des 1000 euros

 

Déjà décliné en librairie avec un almanach annuel et un dictionnaire, Le Jeu des 1 000 euros, aujourd'hui animé par Nicolas Stoufflet, a son webdocumentaire, Le Jeu des 1 000 histoires. Réalisé par Philippe Brault, photographe de l'agence VU, il raconte les coulisses du jeu radio le plus ancien. Un beau projet multimédia qui, depuis sa mise en ligne le 30 mai, a généré plus de 36 800 visites.

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