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Orange Cinéma Séries développe une série de fictions originales à bas coût, dont la série «Kbek», programmée en 2014. Retour sur le tournage.

Avec ses volutes brunes et orangées, la moquette ressemble à un rêve sous LSD, et on imaginerait bien les larges fauteuils en cuir dans le bureau d'un cadre dynamique, à la fin des années 1960. A la fois feutrée et psychédélique, la décoration de l'hôtel Marriott, dans le XVe arrondissement parisien, n'aurait pas été pour déplaire à l'espion des Swinging Sixties Austin Powers. On y tourne, en ce 16 octobre 2013, une fiction bien contemporaine: deux des personnages de France Kbek, nouvelle fiction originale d'OCS (1,6 million d'abonnés), s'y prennent le bec lors d'un «Salon international de la plaquette» reconstitué avec figurants en tailleur et costume-cravate, petits fours et coupes de champagne. OCS City, la nouvelle chaîne de séries d'Orange, sera la première à diffuser cette fiction en 2014.

«L'héroïne de la série travaille dans le monde de la plaquette, où l'on s'apprête à décerner les Plaquettes d'or, mais on n'explique jamais de quoi il retourne, pour l'effet d'absurdité», explique Jérémie Galan, cocréateur et coréalisateur de la série aux côtés de Jonathan Cohen. France Kbek, une comédie au ton inspiré, selon ses auteurs, «des séries américaines Arrested Development et Workaholics», relate les mésaventures d'Audrey, Québécoise débarquée à Paris, entre une colocataire perturbée et un patron québecophobe.

 

Un budget restreint

Les prises s'enchaînent à toute allure: «On la refait tout de suite, avec cette énergie-là», intime Jonathan Cohen à ses acteurs, depuis le combo où il suit les scènes à l'écran. Aujourd'hui, la maison de production Love my TV Productions devra livrer pas moins de 13 minutes utiles. Le montant proposé par Orange pour un épisode de 26 minutes? 40 à 50 000 euros. En comparaison, une fiction en prime de France Télévisions peut coûter autour de 800 000 euros et un épisode de la série Tunnel sur Canal+ - ou de création originale - jusqu'à 2 millions d'euros. «Avec un budget d'un peu plus d'un million d'euros pour dix épisodes, il s'agit d'être ingénieux. Mais la contrepartie, c'est qu'Orange, qui finance pour moitié la série, nous laisse une liberté totale», estime Noor Sadar, le producteur.

Boris Duchesnay, directeur des programmes d'Orange Cinéma Séries, confirme: «Notre apport est moins important que pourrait l'être celui d'autres chaînes, mais cela redéfinit aussi les relations que nous avons avec les producteurs: une fois que nous sommes convaincus par un scénario, nous laissons carte blanche, au contraire d'autres, beaucoup plus interventionnistes.»

Du coup, Boris Duchesnay, qui, dans le cadre du label «Signature», a également développé QI, Zak ou encore Lazy Company, reçoit «entre deux ou quatre projets par semaine». Pour une raison simple: «Nous faisons de la TV payante, c'est aussi un endroit où l'on peut essayer des choses, sans être soumis au couperet de l'audience». Comment mesurer, dès lors, le succès? «Si nous n'arrivons pas à capter un public fidèle, même peu nombreux, c'est raté.»

Pour le directeur des programmes, comme pour ses confrères, la création originale est cruciale, «une manière de se différencier». Après s'être essayé aux programmes courts (Merci Julie, Les Webcolocs, etc.) «qui ne se repéraient pas assez sur la grille», Boris Duchesnay concentre désormais ses efforts sur «la comédie et la dramedy [comédie dramatique], sur des formats de 26 minutes».

D'ici à quelques jours, les équipes de France Kbek quitteront le luxe ouaté de l'hôtel Marriott, pour aller tourner à la Cité universitaire internationale, à Paris, où ils recréeront un campus américain. Quand le système D stimule la créativité.

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