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Le groupe public, qui vient de se séparer du directeur des programmes de France 2, est l'objet de toutes les attentions de sa ministre de tutelle, Aurélie Filippetti.

«Il y a en ce moment un France Télévisions bashing, c'est dur pour les personnels de l'entreprise!» Invitée le 17 octobre de l'Association des journalistes médias, Aurélie Filippetti a fait mine de voler au secours du groupe public, malmené par les audiences calamiteuses de France 2 en avant-soirée. «Mon souci, c'est de pouvoir apaiser, rassurer, définir une trajectoire, sans pour autant demander l'impossible», a-t-elle tenté de faire valoir, avant l'éviction du directeur des programmes de France 2, Philippe Vilamitjana, lundi 21 octobre. De là à penser qu'elle pourrait desserrer l'étau qui oblige France Télévisions, dans son contrat d'objectifs et de moyens, à l'équilibre en 2015 au terme d'un plan d'économies de 300 millions d'euros, il y a un grand pas...

Si consentir à un ajustement budgétaire avant deux ans «n'est pas complètement impossible» (une "clause de revoyure" est prévue à cet effet dans l'avenant au COM qui doit être signé début novembre), elle assume les 361 suppressions d'emplois qui visent à alléger la masse salariale. Ce sont là «des mesures qui vont permettre de tenir les engagements» et ils sont bien moins lourds, argue-t-elle, que les 600, voire les 1000 départs qui étaient anticipés. Quant aux emplois non permanents qui sont également touchés, ils s'inscrivent dans le cadre de la lutte contre la précarité: «Il y a des emplois précaires, il y en aura moins», ose-t-elle.

Plan social déguisé

L'intersyndicale de France Télévisions, qui appelle à la grève pour le 6 novembre, ne l'entend évidemment pas de cette oreille. «Asphyxie des services administratifs, techniques et journalistiques», «mise en place illégale et dangereuse des polycompétences», «réduction alarmante de la fabrication interne», «fermeture de la rédaction de l'Agence internationale de télévision (AITV)» ou encore «externalisation du sous titrage de France 2»: telles sont les conséquences de ce plan de départs volontaires qui, selon les syndicats, est un «plan social déguisé».

Dans ce nouvel équilibre budgétaire, le chantier de la réorientation de France 3 «se fera à moyens constants, avec une moindre part pour le national», dixit Aurélie Filippetti. Comme il n'est pas question pour la ministre de faire entrer les collectivités locales dans le capital des antennes régionales de France 3, au nom de «l'indépendance éditoriale», la chaîne devra se définir des priorités. C'est le sens de mission confiée pour avril à Anne Brucy.

Voilà donc France Télévisions condamné à un exercice d'équilibriste. Avec une redevance qui n'augmentera pas au-delà de l'inflation en 2014 et qui n'est pas élargie aux terminaux connectés - même si «c'est le sens de l'histoire» selon Aurélie Filippetti -, le groupe ne peut plus compter que sur un rebond de ses recettes. La publicité? France Télévisions devra trouver sa part à la «reprise» qui se profile, estime la ministre. Mais en refusant d'ouvrir les secteurs interdits de publicité TV, notamment la grande distribution pour les France 3 en régions, elle limite cet effet d'aubaine.

Le groupe public peut en revanche compter sur l'ouverture de la coproduction aux diffuseurs - à condition qu'ils investissent plus de 70% dans les oeuvres -pour mieux exploiter ses droits. Des limites de durée et sur le bassin de diffusion national sont néanmoins prévues.

Reste une dernière question: quid de l'autonomie d'un géant de 10 200 salariés qui prévoit de perdre 133 millions d'euros en 2013 et que le Canard enchaîné accuse d'avoir dépensé «100 patates» en audits et rapports en tout genre (Bain, Altédia, Bygmalion). «Je m'interroge sur la gestion passée», confie Aurélie Filippetti. «C'est le rôle de la tutelle de veiller à empêcher ce genre de choses.»

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