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Face au succès rencontré par Twitter, l’agence de presse se pose en garant de l’information vérifiée. Et compte utiliser le réseau comme une part intégrante de son offre éditoriale.

Entre stress et excitation, l'arrivée d'un bulletin ou d'un urgent sur le fil AFP de toute rédaction est chamboulée par un petit oiseau bleu. «Avec Twitter, il faut admettre de ne plus être les premiers», explique Grégoire Lemarchand, rédacteur en chef à l'Agence France-Presse. Dernier exemple en date, la mort du chanteur Lou Reed, annoncée par le magazine Rolling Stone et repris instantanément sur Twitter, avant la publication de la première dépêche AFP une trentaine de minutes plus tard. «Sur Twitter, on trouve tout et n'importe quoi. L'AFP est là pour sourcer, recouper, remettre en contexte. On donne le coup de tampon», justifie celui qui pilote la cellule réseaux sociaux de l'agence.
Un outil que l'agence entend bien intégrer à son offre éditoriale. En janvier, l'AFP commercialisera un nouveau produit basé sur une sélection de comptes pertinents dans le domaine du sport. «Face à la masse d'informations publiées sur Twitter, l'AFP veut utiliser sa valeur ajoutée journalistique pour sélectionner la poignée de tweets qui peuvent intéresser nos clients», indique Marlowe Hood, chef de projet Twitter à l'AFP. Cette offre devrait ensuite se décliner sur le divertissement et la politique internationale.
D'ores et déjà, Twitter sert de vitrine à l'AFP. «Il serait vain de faire du B to B sans fenêtre B to C, souligne Grégoire Lemarchand. C'est d'autant plus important pour nous que notre développement passe par l'étranger et par des clients qui ne sont pas des médias traditionnels.»
Tout au long de la journée, les quatre salariés qui composent la cellule réseaux sociaux de l'agence alimentent donc la dizaine de comptes officiels qu'a l'AFP sur Twitter, auxquels s'ajoutent les 1 000 journalistes inscrits sur le réseau (sur un total de 1 500), dont près de 400 sont actifs.

Guide de bonne conduite

Parmi les milliers de tweets postés chaque jour, beaucoup de dépêches – moins de 10% du fil AFP, chiffre Grégoire Lemarchand – mais aussi des choses vues et entendues sur le terrain, de Kaboul à Metz en passant par Washington. C'est par exemple le cas de Prashant Rao, chef du bureau de Bagdad, qui raconte heure par heure le tragique quotidien irakien à ses 6 000 followers.
Pour éviter les dérapages, l'agence de presse a été parmi les premiers médias à élaborer, dès octobre 2011, un guide de bonne conduite. Cette charte qui ne dit pas son nom rappelle que les journalistes doivent d'abord publier leurs informations sur le fil AFP et non sur Twitter, et qu'ils sont priés d'éviter les sujets polémiques. Seul problème recensé pour l'instant, le cas de cette chef de bureau en région qui a tweeté sur son compte «perso» avoir voté pour François Hollande en mai 2012.

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