télévision
La chaîne D8 a lancé le 2 décembre une série de deux minutes, What ze teuf, dont les téléspectateurs tweetent des suggestions scénaristiques pour le lendemain. Une initiative de BNP Paribas…

«Brahim arrive déguisé en boxeur, ne se souvenant pas non plus de la soirée. Mais il a l'adresse d'Elie tatouée sur le corps»… «Brahim arrive en boxeur accompagné de sept nains déguisés en boxeur prêts à en découdre»… Le point commun entre ces deux éléments de récit touchant au personnage de Brahim? Ils ne comptent pas plus de 140 caractères, car ce sont là deux suggestions de scénarios par tweets.

Une série interactive quotidienne de deux minutes. C'est le nouveau concept inauguré par la chaîne D8, le 2 décembre à 20h25. Son titre? What ze teuf, pour sonner «djeuns», une tweet-fiction dont les téléspectateurs sont les scénaristes. Chaque soir jusqu'au 20 décembre, les twittos peuvent proposer le script de l'épisode du lendemain sur le réseau social. Heure limite: 23 heures. Les meilleures idées sont adaptées dans la nuit, pour un tournage et une diffusion dès le lendemain. «On accueille l'invité du jour [Elie Semoun dans le premier épisode, puis Noémie Lenoir, Bruno Solo…] avec trois comédiens récurrents, qui doivent apprendre sur le champ le texte. Puis le tournage et le montage ont lieu sur place, dans deux appartements», précise Benjamin Euvrard, réalisateur de la série et cofondateur de la société de production Bonnie & Clyde.

Le point de départ du scénario: les mésaventures de Romain et Mickaël, qui se réveillent dans un bel appartement sans se souvenir de leur soirée, qu'ils reconstituent peu à peu par des rencontres avec des stars du cinéma ou de la télé. Les «twitto-spectateurs» sont donc appelés à proposer – gratuitement – leurs idées pour poursuivre le scénario. Il s'agit aussi de communiquer autour de ladite série en soumettant leurs idées avec pour hashtag (mot-clé) #WZT. Et plutôt qu'une rétribution, une gratification: chaque jour, celui dont l'idée a été retenue la veille verra son pseudo Twitter signalé.

«Une visibilité basée sur la viralité»

Si cette fiction courte est réalisée par l'agence Bonnie & Clyde, c'est BNP Paribas, via son nouveau portail We love cinéma, qui la finance. Et ce, dès l'origine. «We love cinéma et l'agence Le Douze ont apporté l'idée d'une tweet-série participative. Nous, nous avons développé de la fiction», précise Benjamin Euvrard. La mention «avec We love cinéma par BNP Paribas»apparaît au début et à la fin de chaque épisode, BNP Paribas ayant acheté les espaces publicitaires. La banque a suggéré l'heure de diffusion de la série, juste après Touche pas à mon poste, l'émission à succès de Cyril Hanouna. «Avec cette opération, nous poussons notre plate-forme. On s'offre une visibilité basée sur la viralité», précise Bertand Cizeau, directeur de la communication de BNP Paribas. Motus sur les coûts, mais ceux-ci seraient bien moindres que le budget d'une campagne publicitaire.

Ce concept de TV interactive est déjà répandu dans les webséries, qui proposent aux internautes de voter ou de choisir entre plusieurs histoires. Inédit en France, il a déjà été testé à l'étranger: la BBC, en Grande-Bretagne, a proposé en 2009 à 2 500 adolescents de donner leurs idées par SMS pour les épisodes de la série courte Proper Messy. Avec l'utilisation de Twitter, le dispositif prend une nouvelle dimension, au terme d'une année où l'on a vu la «social TV» se généraliser: les téléspectateurs ont pris l'habitude de commenter sur leur smartphone et tablette séries et émissions TV. Et Twitter de drainer vers lui une grande part de la conversation autour des programmes. En 140 caractères… comme désormais les «microsuggestions» des twittos scénaristes.

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