Qui sera le nouveau The Voice ou Les Experts, ces programmes stars qui ont fait le tour du monde et qui ont longtemps garanti aux chaînes de gros succès d’audiences? La réponse se trouve peut-être parmi les quelque 8 900 nouveaux programmes lancés l’an dernier sur les 48 territoires couverts par le service de veille New on the air (NOTA) d’Eurodata TV. «Trois axes se distinguent assez clairement cette année: la représentation d’un monde divisé qui désoriente les individus, le recours à des valeurs-refuges pour rassembler, la création d’expériences uniques et innovantes», explique Avril Blondelot, directrice content insight au sein du département international de Médiamétrie.
Succès d'audience
Fractures, perte de repères: la brutalité du monde dans lequel nous vivons se reflète en télévision, avec par exemple la série dramatique japonaise Crisis qui raconte l'histoire de deux membres de la police secrète, diffusée au printemps 2017 sur Fuji TV, qui a permis à la chaîne de gagner sur la case 31% d’audience supplémentaire, selon Eurodata TV. Même succès d’audience pour la série allemande Lobbyistin, diffusée sur ZDFneo fin 2017, et qui met en scène une jeune politicienne qui change de bord en devenant lobbyiste.
Dans ce contexte troublé, la télé a aussi cherché en 2017 à resserrer le lien social, avec des programmes autour de l’unité nationale et de la nostalgie collective. En Chine, National Treasure, diffusé sur CCTV3, proposait par exemple à des personnalités de faire découvrir aux téléspectateurs les trésors culturels de l’empire du Milieu. En Suède, The Big class reunion (TV4) a remis des célébrités sur les bancs de l’école. La famille n’est pas en reste avec par exemple au Royaume-Uni The Big family cooking showdown (BBC Two), un Top Chef en famille, ou en Argentine Lo Mejor de la familia (Canal 13), un talent show familial dans la veine de La France a un incroyable talent.
De nouveaux territoires ont également été explorés l’an dernier. Les seniors ont été mis sur le devant de la scène aux Pays-Bas avec The Voice Senior (RTL 4), aux États-Unis avec Guess who died (NBC) ou au Royaume-Uni avec The Old people’s home for 4 year olds (Channel 4). La série finlandaise DragonSlayer666 (YLE Areena/Yle TV2) raconte quant à elle l’histoire d’un adolescent en train de devenir une star du e-sport.
Autre reflet de notre époque, la technologie s’invite de plus en plus sur les plateaux télé. Dans l’émission de dating danoise Koden Til Kaerlighed (DR3), un algorithme a été créé pour l’occasion. La série britannique Kiss me first (Channel 4/Netflix) se décline, elle, en réalité virtuelle tandis que dans le programme chinois AI Mission (CCTV1), l’intelligence artificielle devient objet de divertissement.
«La distribution du contenu peut être clé dans le succès d’audience d’un programme», rappelle Avril Blondelot. Exemple parlant, selon elle: la série norvégienne pour adolescents Skam, dont les épisodes sont diffusés sur internet à l’heure même où l’histoire se passe. «La série inverse le rôle des médias: le web est ici le support de la diffusion live tandis que la télé représente le replay», résume-t-elle.
