Télévision
François Busnel parle littérature avec gourmandise et fuit l'élitisme, comme avant lui Bernard Pivot dont il pourrait être le descendant. Ce passeur fédère plus que jamais les amoureux des mots avec La Grande Librairie sur France 5. Avec sa revue America, il ausculte l'ère Trump.

Une progression de 44% de part de marché en un an, qui dit mieux ? Le magazine littéraire de François Busnel fête sa dixième année d’existence, en surperformant avec 2,3% de PDA et 576 000 téléspectateurs en moyenne. Et plus d'un million pour la spéciale Jean d'Ormesson. Carton plein aussi pour le 4e volume de sa revue America, pensée comme un contrepoison à l’ère Trump. Histoire de se consoler en lisant Paul Auster, Tony Morrisson ou Jim Harrisson. Il l’a imaginée avec Eric Fottorino en prenant un café matinal. Un numéro par trimestre, pendant toute sa mandature. Cent mille exemplaires se sont déjà écoulés en un an, en librairie et dans les kiosques.

Le terrain et le culot

Dans les bureaux de sa boite de production, baptisée Rosebud, en hommage à Citizen Kane d’Orson Welles, François Busnel pourrait fanfaronner. Mais comme le héros de ce film, plus que la gloire et la reconnaissance, il cherche l’aventure humaine. Il conjugue toujours ses défis au pluriel. À 20 ans, il se rêve grand reporter au Nouvel Obs. Recalé à Sciences Po et au concours d’entrée du CFJ (centre de formation des journalistes), il joue le terrain et le culot en partant avec deux copains au pied du mur du Berlin qui s’effondre, comme l’empire soviétique. Il propose ses services à une quinzaine de rédactions dont RFI. Et ça marche. Le voilà quatre ans en Afrique de l’Ouest puis six mois en Irak.

De retour à Paris, il enchaîne petits boulots et piges, puis bifurque vers la littérature, via la radio BFM. Philippe Labro l’appelle à trois semaines de lancer Direct 8 en 2005. Il lui confie une émission littéraire, parce qu’il aime ses chroniques dans Vol de nuit de Patrick Poivre d’Arvor sur TF1. Après la première, Jacques Chancel se débrouille pour avoir son numéro et l’appelle pour le coacher. L’idole de sa jeunesse, qu'il a entendu sur France Inter à 12 ans interviewer Hubert Reeves. « J’ai une chance incroyable, s’émerveille-t-il comme un gosse. Ses Radioscopies ont été mon université à moi. En l’écoutant, j’ai voulu faire comme lui. M’intéresser à tout et poser des questions ».

On l'écoute pendant deux heures, parler avec passion. C'est sa meilleure arme. Comme un appétit de vivre jamais rassasié. Celui d’un gamin un peu trop vif placé en pension pendant tout le secondaire. « Les parents pensent vous mettre dans un moule alors que la pension créé un esprit de rébellion et de fantaisie.  On doit survivre au sentiment d’abandon, de solitude, d’ennui ». Preuve que l’enfant blessé de Citizen Kane n’est pas loin. « Lire, c’est avoir une vie plus belle, s’armer contre le réel et réussir à survivre, en dépit de tout ». C’est son Rosebud. 

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