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Les déboires de « Causette » illustrent la difficulté pour les médias engagés de trouver une rentabilité. Mais de nouvelles pistes sont explorées.

Les salariés du magazine Causette, en liquidation judiciaire, seront fixés sur leur sort le 7 mars prochain. Selon toute probabilité, le groupe Hildegarde, propriétaire du Film français et de Première, devrait reprendre le titre et 14 de ses 18 salariés. Au-delà des difficultés conjoncturelles, les chiffres de vente du magazine féministe montrent la difficulté à faire émerger un tel discours auprès du grand public : créé en 2009, le mensuel est aujourd’hui diffusé à moins de 60 000 exemplaires.

Si cela ne freine nullement les ardeurs des défenseurs de la cause féministe, ils préfèrent toutefois explorer d’autres voies que le kiosque. En 2013, Faustine Kopiejwski, Myriam Levain et Julia Tissier, trois journalistes de la rédaction du magazine Be, alors propriété de Lagardère, ont ainsi créé le pure player Cheek Magazine. On y retrouve les rubriques classiques de la presse féminine, sur la mode ou la culture, mais traitées sous un angle féministe. Quant à la rubrique société, elle fait la part belle à des sujets comme le #padmanchallenge, un mouvement né de l’initiative de stars de Bollywood qui veulent briser le tabou des règles, ou bien #mosquemetoo, par lequel des femmes dénoncent des agressions subies lors de leur pèlerinage à La Mecque. En février 2017, Cheek Magazine était repris par Les Inrockuptibles. Il indiquait alors être bénéficiaire, avec 300 000 visiteurs uniques par mois, 35 000 abonnés Facebook, 10 000 followers sur Twitter, et un modèle économique basé sur la production de contenu pour les marques, comme Chanel ou Red Bull.

Newsletter inclusive

D’autres pistes sont essayées sur Internet, comme celle des newsletters adressées directement dans les boites mail des abonnés. Rebecca Amsellem a ainsi lancé en 2015 Les Glorieuses, diffusée aujourd’hui à 80 000 exemplaires. « J’ai créé cette newsletter pour déculpabiliser les femmes par rapport à un certain nombre de sujets et créer un nouvel imaginaire où les femmes soient les égales des hommes. Pour moi, la bataille du féminisme passe par celle de l’imaginaire », explique sa fondatrice. Pour se financer, outre l’aide de l’agence de publicité Mad & Woman qui l’incube depuis un an, Les Glorieuses compte sur les dons des membres de son club, l’accompagnement de clients en marque blanche et le sponsoring, comme récemment celui de la marque de mode Wear Lemonade. Dans la foulée, d’autres se sont lancés, comme Mélody Thomas et Jennifer Padjemi, qui ont sorti What’s good newsletter, une « newsletter culturelle inclusive ».

Le format audio n'est pas en reste, à l'image de la société Nouvelles Écoutes, créée par Lauren Bastide (lire son portrait, Dossier Femmes, Stratégies n° 1939). La demi-douzaine de podcasts diffusés, dont l'émission féministe La Poudre, totalisent quelque 400 000 téléchargements par mois, une audience loin d’être négligeable.

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