Presse
Faute de lecteurs, le magazine Ebdo va cesser de paraître, moins de trois mois après son lancement. Son éditeur, Rollin Publications, s'est déclaré en cessation de paiement, ont indiqué jeudi 22 mars les fondateurs du magazine à l'AFP.

Le numéro 11 d'Ebdo, qui paraîtra vendredi 23 mars, sera le dernier. «C'est un échec commercial», a reconnu le journaliste Patrick de Saint-Exupéry, cofondateur du magazine. Lancé en janvier, l'hebdomadaire 100% papier et sans publicité, va cesser de paraître en raison de ventes décevantes, qui se sont ajoutées au retrait d'investisseurs et de deux banques.

 

« Depuis un mois, notre situation économique s’est dégradée de manière spectaculaire. Les ventes et les abonnements sont désormais au plus bas. Nous avons essayé de répondre aux critiques et d’améliorer Ebdo, semaine après semaine. Sans succès. », s'expriment les fondateurs du journal, Laurent Beccaria et Patrick de Saint-Exupéry, dans une lettre ouverte sur le site du journal. 

 

Préserver XXI et 6Mois

L'éditeur du magazine, Rollin Publications, a enclenché mercredi 21 mars une procédure de cessation de paiement devant le tribunal de commerce de Paris et a demandé la nomination d'un administrateur judiciaire pour «préserver l'activité» des revues XXI et 6Mois qu'il édite également, et sauver des emplois. Sur 63 postes, une quarantaine de salariés avaient été embauchés pour le lancement du magazine. Les fondateurs, qui se retireraient alors des éditions Rollin dix ans après leur création, privilégient la cession partielle des revues XXI et 6Mois pour sauver leur activité. Des offres de reprise sont déjà prévues, selon eux.

 

« L'affaire Hulot a précipité le malaise »

Après une campagne de financement participatif réussie à l'automne, Ebdo s'est lancé en janvier et espérait stabiliser ses ventes à 20 000 en kiosques et 25 000 par abonnement au début du printemps. Après quatre premiers numéros aux ventes correctes, le journal a perdu une partie des 8000 abonnés qu'il comptait à son lancement, et vend 7500 exemplaires en kiosques. 

 

«Il y a un rendez-vous manqué avec les lecteurs», a souligné l'autre cofondateur Laurent Beccaria, reconnaissant aussi que «l'affaire Hulot a précipité le malaise». En effet, le grand coup d'éclat du nouveau journal en trois mois a été la publication d'une enquête sur Nicolas Hulot, révélant que le ministre de la Transition écologique avait fait l'objet d'une plainte pour viol en 2008, classée sans suite pour cause de prescription. Un article qui a été très critiqué par les journalistes et les lecteurs. Un investisseur individuel s'est désisté, et avec les mauvais résultats de l'hebdomadaire, les déboires se sont accumulés : une augmentation de capital de deux millions d'euros à laquelle devaient souscrire huit personnes morales a été annulée et les crédits bancaires de deux millions d'euros sur lesquels les fondateurs du journal comptaient n'ont pas été débloqués. 

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.