Télévision
L'annonce de la fermeture de la chaîne Nolife a fait l'effet d'un électrochoc. Ses fondateurs ont ferraillé pendant onze ans pour la faire vivre. Un pari utopique pour une chaîne indépendante positionnée sur les jeux vidéo et la pop culture japonaise.

« C’était un projet risqué mais pas impossible », note Sébastien Ruchet, le PDG de la chaîne Nolife, qui a cessé d'émettre début avril. Partis de rien, avec son cofondateur Alexandre Pilot, ils ont tout donné pour transmettre leur passion. En 2007, avec leur société de production audiovisuelle, ils ont lancé leur propre chaîne spécialisée dans les jeux vidéo et la pop culture japonaise, face à des concurrentes sérieuses comme Game One et J-One créées respectivement en 1998 et 2013, et détenues par le groupe Viacom. « Nolife a été une chaîne différente justement parce qu’elle était indépendante. Elle a pu se permettre de sortir du cadre parfois rigide de la télévision traditionnelle », se félicitent les cofondateurs.

Un espace de liberté qui a été formateur pour de nombreux chroniqueurs, dont Moguri et Medoc, deux anciens animateurs de la chaîne, qui se retrouvent désormais autour du micro du podcast Cozy Corner. Après la soirée de fermeture de la chaîne le 8 avril, Moguri et Medoc ont relaté leur aventure Nolife : « EXP [émission sur les jeux de rôle] était réalisé avec les moyens du bord, sur notre temps libre, c’est la raison pour laquelle il y avait souvent des retards dans la diffusion des programmes ». Autre personnage connu du PAF à avoir fait ses armes sur Nolife : Monsieur Poulpe. Avant d’atterrir sur YouTube avec « Les recettes pompettes » et de se lancer sur Canal+, il s’est fait connaître grâce à la série Nerdz proposée par Nolife.

Game over

C’est dans une vidéo publiée le 1er avril dernier que Sébastien Ruchet a annoncé la fin de la chaîne Nolife. « C'est peut-être notre poisson d'avril le moins drôle, mais c'est vrai : l'aventure de Nolife est terminée », a-t-il expliqué. La chaîne était en redressement judiciaire depuis 2016 et les revenus issus de la publicité se sont faits rares. De même pour les abonnements en ligne. Les dirigeants ont été contraints de se séparer d’une partie de la rédaction. La promesse d’une relance avec une nouvelle formule en septembre 2017 n'a pas suffi pour continuer d'émettre. « Il faut également reconnaître que la télévision est un média perçu comme “vieux”. Notre public a vieilli avec la chaîne et nous n’avons pas vraiment su renouveler notre audience. La nouvelle génération préfère aller sur YouTube ou Netflix », avance Sébastien Ruchet. À leur grand désarroi, leur lutte aura duré onze ans mais qui sait, peut-être n'ont-ils pas dit leur dernier mot.  

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