Télévision
Le grand gagnant de l'appel d'offres est le groupe espagnol Mediapro, le grand perdant Canal+.

Plus de 1,153 milliard d'euros par an: voilà la manne des droits TV de la Ligue 1 pour la période 2020-2024, a annoncé une Ligue de football professionnel (LFP) radieuse. Le grand gagnant de l'appel d'offres est le groupe espagnol Mediapro, le grand perdant Canal+.

Un «tournant» qui «confirme la dimension internationale du football français et la dimension globale de l'attractivité de notre sport»: la LFP a atteint et dépassé son objectif, celui de dépasser le milliard d'euros annuel de droits TV pour la période 2020-2024.

C'est plus de 60% de plus que pour la période précédente (726,5 millions d'euros pour la L1 seule sur 2016-2020): «une augmentation significative, qui va permettre d'accélérer le cercle vertueux que nous avons commencé à créer», s'est félicité le directeur général de l'instance, Didier Quillot.

«Il y a eu de nouveaux investisseurs, de nouveaux investissements, de nouveaux revenus et cela va continuer à accélérer ce cercle vertueux».

 

Un manque d'ambition

 

Cette journée «longue, riche en suspense et en émotion», dixit la présidente de la LFP, Nathalie Boy de la Tour, a fait un heureux, le groupe espagnol Mediapro qui a raflé les lots principaux, et un grand perdant, Canal+.

Partenaire du football français depuis 1984, «Canal aurait pu remporter des lots, ils ont manqué d'ambition sur cet appel d'offres», a taclé l'influent président de l'Olympique Lyonnais, Jean-Michel Aulas, à l'issue de la conférence de presse.

«Il y a une certitude, c'est que Canal ne mourra pas d'avoir payé trop cher des droits sportifs comme la plupart de ses concurrents», s'est défendu de son côté le président du directoire de la chaîne cryptée, Maxime Saada.

Mediapro est, lui, le grand gagnant de cet appel d'offres. Il s'est offert le lot N.1, qui comprend notamment les 10 plus belles affiches de la saison et l'affiche du dimanche à 21h00, et le lot N.2, qui comprend le vendredi 21h00 et le samedi 17h00. Ainsi que le lot N.4, qui compte le multiplex du dimanche après-midi (actuellement diffusé le samedi à 20h00 mais dont l'horaire va changer à partir de 2020), et l'affiche du dimanche 13h00.

Le lot N.3, qui compte le samedi à 21h00 et le dimanche à 17h00, a été attribué à BeIN Sports. Free s'est octroyé un lot digital. Deux lots de moindre importance, les N.5 et N.7, n'ont pas été attribués car "le prix de réserve" fixé par la LFP n'a pas été atteint. Ils seront remis en vente "avant la fin de l'année 2018", a encore indiqué la LFP.

 

Interrogations sur Mediapro

 

De nombreuses interrogations ont toutefois été soulevées en conférence de presse concernant Mediapro et les garanties que le groupe espagnol avait présenté.

Début mai, la justice italienne a en effet suspendu l'offre que le groupe avait formulée sur les droits TV de la Serie A, le championnat italien, en estimant que la proposition du groupe espagnol avait été faite en violation des lois italiennes.

Didier Quillot et la LFP se sont montrés rassurants en assurant que le cahier des charges de l'appel d'offres n'était «pas complètement clair» en Italie, contrairement à celui concocté par l'instance française. Canal+ paraît plus sceptique: Maxime Saada se demande dans quelle mesure Mediapro est capable «d'aller au bout de sa démarche financièrement» et «d'obtenir la valeur nécessaire pour justifier des montants comme ça».

De source proche du dossier, certains diffuseurs traditionnels envisagent des accords de sous-licences avec les détenteurs majoritaires des droits pour récupérer au moins en partie certains lots. «On va discuter», reconnaît ainsi le patron de Canal.

A la Ligue, Didier Quillot a précisé mardi que «Mediapro peut sous-licencier ou pas, c'est à sa discrétion car c'était prévu dans l'appel d'offres».

 

Les clubs sont ravis

 

Cependant, «ce qui nous a été remis de la part de Mediapro, c'est le projet d'une chaîne éditoriale avec de nombreux matches et c'est pourquoi ils ont fait des offres sur de nombreux lots».

Un des responsables de la LFP, Mathieu Ficot, a précisé que «si un attributaire des droits souhaite sous-licencier, il ne peut le faire qu'à un seul sous-licencié, pour deux saisons minimum et sous-licencier le lot dans son entièreté».

Suffisant, selon la LFP, pour éviter les turpitudes du championnat italien.

Les présidents de clubs se sont en tout cas félicités de cette manne nouvelle. «C'est une façon pour le foot français de rattraper une partie de son retard», s'est réjoui le président de Marseille, Jacques-Henri Eyraud.

«Les efforts qui sont faits par les nouveaux propriétaires et les investisseurs sont récompensés», a-t-il ajouté.

«On va pouvoir se renforcer, se doter d'infrastructures pour ceux qui ne l'ont pas fait, prendre peut-être un peu plus de risques sur la partie joueurs et sur la partie centre de formation», a de son côté expliqué Jean-Michel Aulas.

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