L’ouverture, le 5 avril, de Canneseries après le succès de Séries Mania.
Pour le cinéma, il y a chaque année en France 350 festivals ; il peut donc bien y avoir trois festivals pour la filière séries. Nous avons choisi dix séries en compétition et de belles séries hors compétition, comme Vernon Subutex, qui fera l’ouverture du festival le 5 avril [avant sa diffusion sur Canal+], ou la série britannique Years and Years. On le sait, les séries sont le reflet de la société d’aujourd’hui et elles sont tellement variées qu’il n’y a pas de tendance qui se dégage. Il faut s’en réjouir.
L’adoption au Parlement européen de la directive sur le droit d’auteur.
C’est une bonne chose. Face à ce qu’il se passe, on ne peut pas réagir seulement au niveau français, il faut le faire au niveau européen. De plus, avec cette directive, on défend une certaine idée de l’exception culturelle française et européenne, qui est différente du modèle anglo-saxon. C’est important de reconnaître la valeur des auteurs.
L’arrivée d’Apple dans la SVOD avec le lancement d’Apple TV+.
C’était attendu, d’autres plateformes vont arriver, comme celles de Disney, Warner, Universal… C’est une bonne nouvelle car ça crée un appel d’air en termes de contenus, de nombre de séries produites. Pascal Breton [le fondateur de Federation Entertainment] disait récemment qu’on n’est pas encore à l’âge d’or des séries ; je suis d’accord avec lui. Pour nous, festival, ces nouveaux acteurs nous donnent de plus en plus de contenus à mettre en compétition. Reste que toutes ces plateformes sont américaines ; il y a donc urgence à avoir des projets français et européens. Le projet Salto [qui associe TF1, France Télévisions et M6] va dans ce sens mais il faut des projets plus ambitieux encore pour faire contre-poids.
L’accord entre Netflix et TF1 sur la série Le Bazar de la charité.
C’est tant mieux si ce type d’accord peut permettre de financer de bonnes séries. Nous, à l’exception du piratage, nous sommes neutres en termes de provenance des séries, qu’elles viennent des plateformes, des chaînes, qu’elles soient françaises, étrangères… Ce qui compte, c’est la qualité, et Netflix fait du bon contenu. Il ne faut pas le jeter aux orties ; ce n’est pas le diable.
La remise du rapport Hoog sur la création d’une instance de déontologie de l’information et la volonté d’y associer le public.
Je ne peux que valider ça. On l’a vu avec le mouvement des Gilets jaunes : on a tous un travail à faire pour renforcer le lien avec les Français. À Canneseries, nous sommes à la fois très populaires, avec des rencontres autour de séries mainstream comme Les Mystères de l’amour, Plus belle la vie, Alice Nevers, et plus pointus avec par exemple une masterclass de [la philosophe] Adèle Van Reeth. Il n’y a pas que les séries Netflix. C’est ce lien-là qu’il faut créer avec tous les publics.
Le poids toujours plus grand pris par Amazon tant sur le marché publicitaire que dans la production de séries.
C’est comme pour Apple : la diversité des plateformes nous amène à nous, festival, des séries à mettre en compétition. Mais projetons-nous dans cinq ans : les offres vont se multiplier, toutes autour de 10 euros par mois. La différence ne se fera donc pas sur le prix mais sur la qualité des contenus ; leur intérêt sera alors de venir dans les festivals pour obtenir des prix.
La dernière étude Kantar sur la représentation des femmes dans la publicité.
La place des femmes doit être améliorée dans la publicité, il n’y a pas débat. Dans les séries aussi. C’est le sens du travail que nous menons, avec un certain nombre d’actions comme la création d’une lettre hebdomadaire Gender & Series ou encore la sensibilisation de notre comité de sélection. C’est derrière la caméra que c’est problématique, avec zéro femme sur certains métiers techniques. C’est pourquoi nous signerons le 10 avril la charte 50-50 2020. Vue la liberté d’expression et le temps qu’elles offrent, les séries sont un champ extraordinaire pour traiter ces sujets.
