Presse
Souvent copié, jamais égalé, Paris Match est un magazine unique au monde par sa ligne éditoriale et son audience. Alors qu’il fête ses 70 ans, Olivier Royant, son directeur de la rédaction, nous révèle sa stratégie.

À 70 ans, Paris Match affiche une moyenne de 519 082 exemplaires, soit 3,9 % en diffusion France payée, et près de 3,6 millions de lecteurs en audience, selon l'ACPM.  Quelle est sa recette dans le secteur malmené des hebdos ? 

Olivier Royant. Faire le journal de la semaine qui s‘annonce et non de la semaine écoulée. Avec des équipes qui travaillent en rotation toute la nuit de lundi à mardi pour boucler le mardi vers 13 h. Et avoir noué un lien avec le pays, avec une très forte pénétration dans les petites et les grandes villes. 

Quelles sont vos meilleures performances récentes ?

Le soir de l'incendie de Notre-Dame, nous bouclions un sujet de huit pages sur sa restauration. Nous avons tout changé. Ce numéro s'est vendu à 286 000 ex. en kiosques malgré la concurrence des quotidiens et des hebdos. Dans ces événements, nous émergeons car le public connaît notre réactivité et la promesse de nos contenus forts. En 2018, la victoire des Bleus a atteint 318 000 ex. au numéro.

Quelle est votre spécificité sur le marché? 

Naviguer au delà des étiquettes droite-gauche, people-politique-culture. Nous changeons d'univers de concurrence suivant l'actualité. Lors d'un mariage princier, nous sommes face à Gala. Lors d'une élection, nous bataillons avec les newsmagazines. Passer d'un univers à l'autre n'est pas forcément confortable.

Comment gérez-vous l’articulation print/numérique ?

Nous menons la bataille du numérique et du print sans les mettre en opposition. Cela nous permet de toucher des audiences différentes. Nous avons 2 millions d’abonnés de 16 à 22 ans sur Snapchat. Nos lecteurs papier ont en moyenne 57 ans. Nous leur proposons des hors-séries, 10 en 2018 et 9 en 2019. Ceux qui nous lisent sur LinkedIn sont des trentenaires. À nous d'adapter chaque histoire en fonction du support. Notre métier : le journalisme et le storytelling, pas la presse écrite. 

Pas de paywall en vue sur votre site ? 

Ce n'est pas encore formalisé, parce que nous n'avons pas le volume d'un quotidien. Nos sujets exclusifs voyagent déjà dans le monde. Soit ils sont rachetés par d'autres journaux, comme Stern, soit ils sont syndiqués via Getty. Nous nous retenons de mettre nos trésors sur le web. Nous préférons développer un soutien en vidéo de nos sujets.

Quels sont vos projets?

Enregistrer d'ici un mois deux séries de podcasts avec l'aide technique d'Europe 1 [Lagardère News, comme Paris Match] : Match story dans lequel nos reporters raconteront les coulisses de leur travail et Le jour où adapté de notre rubrique. 

Quels sont vos résultats publicitaires ?

Notre revenu publicitaire est en forte hausse. Pour le numéro des 70 ans, de 224 pages, un annonceur rare comme Porsche nous a suivis. 

Quel est votre regard sur la presse ?

Tous ceux qui annonçaient sa mort exagèrent. Mais nous ne sommes plus un îlot de prospérité. À l’étranger, nombre de nos compagnons de route ont disparu comme Newsweek ou le Time vendu au groupe Meredith. En France, quand un magazine disparaît comme VSD [devenu mensuel], cela ne nous rapporte aucun lecteur. Le nerf de la guerre, c’est le trafic dans les points de vente. Mieux les kiosques se portent, mieux Match se porte. 

 

Retrouvez dans ce diaporama  les unes historiques de Paris Match :

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