Finances
Charlie Hebdo a ouvert son capital à trois membres de sa rédaction, deux chroniqueurs et un dessinateur arrivés après l'attentat de 2015, a annoncé jeudi à l'AFP le directeur de la rédaction Riss, qui prépare ainsi son éventuelle succession.

Les nouveaux actionnaires de l'hebdomadaire sont Yann Diener, qui tient une chronique de psychanalyse, Gilles Raveaud, journaliste économique qui écrit sous le nom de plume «Jacques Littauer» et le dessinateur Pierrick Juin. Ils reçoivent chacun une action, cédée par Riss qui détient 66,7% des parts du journal, contre une somme symbolique de «quelques centimes». L'hebdomadaire avait changé ses statuts mi-2018 afin de mettre de côté la totalité des revenus exceptionnels (15 millions d'euros) issus de la vague de solidarité dont il avait bénéficié après l'attaque jihadiste de janvier 2015 où 11 personnes avaient été tuées. Cette somme a été placée dans une réserve statutaire, qui ne peut pas servir à rémunérer les actionnaires, et cette opération a rendu la valeur des actions quasi nulle, selon Riss. «Les actions ne valent quasiment plus rien, ça permet de clarifier les  choses car les gens ont un peu fantasmé et pensaient qu'en étant actionnaire dans Charlie, on gagnait beaucoup d'argent. Moi je voulais que les actionnaires n'espèrent rien au niveau financier. Quand on est actionnaire dans Charlie, ce n'est pas pour gagner de l'argent», explique Riss.    

L'ancien directeur général Eric Portheault, qui détient le reste des parts de l'hebdomadaire et a démissionné début 2018, est en conflit avec Riss sur la valeur de ses parts, qu'il cherche à céder. «Ça me soulage de ne plus être seul dans la gestion du journal. Il y a pas mal de nouveaux qui sont entrés depuis 2015, donc j'ai proposé (l'entrée au  capital) à des personnes qui sont arrivées après cette date, car je voulais que la rédaction se sente représentée par cette génération, il ne faut pas qu'on soit tourné vers le passé», estime Riss. «Personne n'est éternel, il faut passer le relais à d'autres personnes, à une autre génération, pour qu'ils se projettent», poursuit-il, soulignant que  «ce n'est pas une récompense, il n'y a pas d'intérêt financier, c'est une  charge». Le choix s'est également porté sur «des gens qui sont tous les jours dans  le journal, qui le connaissent bien» précise Riss. Leur entrée au capital sera officialisée lors de l'assemblée générale de l'hebdomadaire satirique prévue ce mois-ci, où seront aussi présentés les résultats de l'année 2018. Les revenus ont baissé d'environ 25% entre 2018 et 2017, conséquence du recul des ventes en kiosques (autour de 25.000 exemplaires par semaine) tandis que les abonnements se maintiennent (autour de 30.000 exemplaires).

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