Dossier Back to school
Rachat de Gulli par M6, disparition annoncée de France 4, lancement de la plateforme Okoo par France Télévisions... En linéaire comme sur le web, l’offre jeunesse est en pleine reconfiguration.

« Quand est-ce qu’on arrive ? Est-ce que je peux avoir à boire ? Et la tablette ? » Le souvenir du départ en vacances est déjà lointain, à quelques jours de la rentrée des classes… Toutefois, de nouveaux contenus devraient bientôt pouvoir divertir les enfants, en voiture notamment, tant l’offre TV dédiée à la jeunesse est en train de se redessiner. Annoncé au début de l’année, le rachat de Gulli par le groupe M6, après avoir reçu les feux verts de l’Autorité de la concurrence en juin, puis du CSA en juillet, sera effectif ce 2 septembre. « La nouvelle grille de rentrée de Gulli a été composée par les équipes Lagardère. La patte de M6 ne sera pas visible avant 2020. La création de synergies dans les programmes ne se fait pas du jour au lendemain », avait précisé fin juin Julien Figue, directeur délégué adjoint du pôle TV de Lagardère Active, dont la chaîne Gulli se revendique « leader sur tous les enfants » avec 17,5 % de part d’audience sur les 4-10 ans entre 6 et 20 heures. De façon générale, l’objectif de ce rachat est d’élargir l’offre média du groupe M6 à toute la famille.

Coucou Okoo

Tandis que Gulli change de propriétaire, France 4 marche vers sa disparition, initialement annoncée pour 2020 mais qui pourrait être repoussée. « Nous travaillons sur l’hypothèse d’un arrêt en septembre 2020, indique Tiphaine de Raguenel, directrice des programmes de France 4 et directrice des jeunes publics et de l’animation chez France Télévisions. À partir du début de l’année, nous travaillerons sur le déplacement de l’offre enfant sur les autres antennes, France 3 et France 5, qui représentent pour l’heure 2100 heures de programme jeunesse, un chiffre qui monterait à 2800 à l’horizon de l’arrêt de France 4. » Soit moitié moins de contenus qu’aujourd’hui sur les trois chaînes réunies.

Autant de changements à venir que TF1, autre acteur majeur de la télévision jeunesse, garde certainement dans son radar. « Nous avons maintenu notre part d’audience sur la saison scolaire (de septembre à mai-juin) à 24,2 % sur les 4-10 ans », explique Yann Labasque, directeur des programmes jeunesse de TF1. Soit, assure-t-il, la même part d'audience que l'année précédente. Pour réussir, la stratégie du groupe consiste à « couvrir tous les usages et développer les autres offres ». La chaîne mise sur une ligne éditoriale large, qui lui permet de fédérer garçons et filles de toutes les tranches d’âge sur une variété de contenus. Sur le web, son offre payante Tfou Max propose aux 3-12 ans plus de 3500 vidéos (films, dessins animés, documentaires, spectacles). « 20 % de nos contenus sont issus de l’antenne, le reste, nous allons le chercher pour le service », explique Jérôme Loré, directeur de Tfou Max.

Pour ces acteurs de la télévision linéaire, le numérique constitue un terrain de jeu désormais incontournable. France Télévisions a par exemple annoncé pour la fin de l’année le lancement de la plateforme Okoo. Ce site gratuit proposera une variété de contenus pour les plus jeunes. « L’objectif est de renforcer les liens entre France Télévisions et les 3-12 ans », explique Tiphaine de Raguenel.

L'arrivée de Disney+

Tout en palliant l’arrêt de France 4, Okoo remplacera Zouzous et Ludo, les marques existantes du groupe pour les 3-6 ans et les 6-11 ans. Mais il ne se contentera pas de reprendre leurs contenus. « Nous voulons garder une offre spécifique au service public : prêter attention à l’éveil des enfants, les accompagner dans leur croissance », affirme la directrice. La diversité des formats sera renforcée, avec une priorité donnée à l’animation, tout comme « la dimension ludo-éducative » des programmes. « Nous allons regarder ce qu’ils vont faire, nous n’avons pour l’heure pas énormément d’information sur le positionnement », confiait Yann Labasque de TF1 en juillet.

Un autre bouleversement pourrait également secouer le secteur : l’arrivée de Disney+. La plateforme SVOD de Disney est annoncée le 12 novembre aux États-Unis, au Canada et aux Pays-Bas, avant le lancement dans d'autres pays. Pour la France, ce pourrait être « au premier semestre 2020 », précise-t-on dans l’équipe tricolore de l’entreprise. D’après les éléments communiqués au niveau global, la promesse est de taille : en plus du catalogue Disney, des séries et films originaux, des contenus Pixar, Marvel et Star Wars ou encore une série inspirée de Toy Story seront proposés, le tout pour 6,99 dollars par mois (6,20 euros) aux États-Unis. De quoi faire de l’ombre aux autres acteurs du marché.

« On a tendance à parler du raz-de-marée que va opérer Disney. Nous restons sereins car Gulli est une marque complètement implantée dans la vie des enfants depuis quinze ans. C’est une marque de référence et de confiance », tempère Julien Figue. Mais le marché du streaming est déjà très disputé. Apple a aussi annoncé une offre en la matière tandis que Netflix reste regardé par les enfants, même si pour la première fois, en juillet dernier, son nombre d’abonnés (tous âges confondus) a reculé. Sans parler du succès de YouTube auprès des enfants, malgré des problèmes de sécurité.

Un « Netflix du livre » pour Nickelodeon

Pour tenter de faire la différence, la chaîne Nickelodeon (Viacom) devait lancer fin août en France l'application Bookids. Pour 6,99 euros par mois, celle-ci proposera différents contenus à destination des 3-6 ans et des 7-12 ans : des livres illustrés et audio, des romans et des livres de jeux. « 150 à 200 contenus pour commencer, expose Thierry Cammas, patron de Viacom International Media Networks France. Et une dizaine de nouveaux livres sera proposée tous les mois. » Les ouvrages mis à disposition le seront sous des formats différents de ceux commercialisés chez les éditeurs. Téléchargeable sur iTunes et Google Play, l’application sera aussi accessible via l’un des principaux opérateurs mobiles à partir de septembre.

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