Médias

Mardi 28 mai dernier, le Théâtre libre-Le Comedia à Paris affiche complet pour la 63e édition du Live Magazine, « le journal vivant et éphémère qui ne laisse aucune trace. Si ce n’est le programme que vous avez entre les mains », annonce l’organisation. Pas de captation, pas de replay. Il y a ceux qui y étaient… et tous les autres. Le Live Magazine est comme une revue dont les pages ont été remplacées par des saynètes (pas toujours comiques) et dont les publicités se sont effacées au profit d’interludes interprétés (en live) par un groupe (Les Garçons) ! Un spectacle d’information, mais surtout pas une information spectacle, insiste Florence Martin-Kessler, créatrice du Live Magazine : « Les auteurs viennent nous raconter une histoire inédite qui n’est pas une fiction, mais bien le fruit d’un travail journalistique rigoureux, fact-checké et coconstruit avec nous. À quelques très rares exceptions près, ces gens n’ont rien à vendre, ni expertise, ni start-up. » 

Une question de sensibilité

Passé le sommaire avec le nom des rubriques et le titre des sujets plus ou moins explicites – « La part du feu », « Conte chinois », « Frontières »… – le public ne sait donc pas grand-chose sur le contenu. Il en sait plus sur les auteurs, dont les biographies occupent la plus grande part du programme. « Ils priment sur l’histoire, explique Florence

Martin-Kessler. C’est leur manière de traiter le sujet, le ton, leur sensibilité qui comptent. Leur prestation est très préparée en amont avec un coach, mais nous veillons à ce que chacun garde sa fragilité. » Et ça plaît ! En cinq ans d’existence, l’événement n’a cessé de croître, se démultipliant d’abord en région, puis en Belgique, en Suisse et prochainement à Londres. Au 31 juillet 2019, le Live Magazine totalisait 43 000 spectateurs cumulés sur l’ensemble des éditions passées.

Initialement peuplé de journalistes et autres professionnels des médias et de la communication, le champ des spectateurs s’est rapidement diversifié vers le grand public, par le bouche-à-oreille, mais s’est aussi ouvert aux jeunes générations : « On nous a rapidement reproché un certain entre-soi, reconnaît Florence Martin-

Kessler. Nous avons donc invité des lycéens, sollicité le ministère de

la Culture, développé des offres événementielles… »

Aux éditions originales – généralistes et totalement indépendantes sur le plan éditorial – se sont ajoutées d’autres versions. Elles sont souvent publiques et thématiques, en partenariat avec des groupes de presse (Les Échos, Bayard…), des collectivités, des institutionnels ou des ONG. Et parfois privées, pour le compte d’entreprises comme Axa, Hennessy, la RATP, Mastercard ou encore Rykiel, séduites par l’approche éditoriale. Preuve qu’il y a une vie hors du digital et des réseaux sociaux pour un vrai média d’information. Question de format et d’ambition.

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