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En conflit depuis près d’un an sur des questions d’actionnariats, les deux hommes d’affaires ont signé un accord commun avec le Pôle d’indépendance, qui instaure le droit d'agrément, et donc accorde au pôle un droit de regard sur le capital du journal.

Les coactionnaires du Monde Matthieu Pigasse et Xavier Niel ont signé lundi soir avec le «Pôle d'indépendance» du journal un document qui instaure le droit d'agrément, au cœur d'un bras de fer avec la rédaction du journal depuis un an, selon un message du Pôle aux salariés, dont l'AFP a pris connaissance. «Xavier Niel et Matthieu Pigasse, actionnaires contrôlants du groupe Le Monde ont rencontré ensemble, lundi 23 septembre 2019, le Pôle d'indépendance, qui réunit les sociétés de personnel, la société des lecteurs et les actionnaires minoritaires», soulignent les représentants du Pôle, dans ce message aux salariés du groupe Le Monde.

«Au cours de ce riche échange d'une heure trente, ils ont réaffirmé leur engagement de conforter et renforcer l'indépendance éditoriale du groupe à travers le droit d'agrément et la réflexion sur la création d'une fondation», ajoutent-ils. «Ils ont ensuite signé avec le Pôle d'indépendance un document établissant irrévocablement les termes et conditions du droit d'agrément, qui devient donc effectif à compter de ce jour», précise ce texte. Le Pôle d'indépendance «se réjouit de cette issue qui conjugue les intérêts de tous et permet au groupe Le Monde de se tourner vers ses développements futurs», conclut ce bref message.

Fin de crise

Ce nouveau développement vient clore une séquence très mouvementée entre le Monde et ses actionnaires principaux, Pigasse et Niel. Jeudi dernier, 19 septembre, M. Pigasse avait cédé aux demandes de la rédaction du journal, qui réclamait avec le Pôle d'indépendance l'obtention d'un droit d'agrément, c'est-à-dire une sorte de droit de regard sur l'évolution du capital du quotidien. Ce droit était en discussion depuis un an, et avait été exigé par le Pôle après la cession de 49% des parts de M. Pigasse dans Le Monde au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Cette irruption surprise du milliardaire Kretinsky au sein du capital du Monde l'an dernier avait suscité des inquiétudes au sein du journal, beaucoup craignant qu’il ne cherche à prendre le contrôle du Monde en rachetant ultérieurement le reste de la participation de M. Pigasse.

Ce dernier avait annoncé dans la foulée avoir «signé» un accord portant sur ce droit d'agrément, mais, selon le Pôle d'indépendance, dans des termes différents de ceux acceptés par M. Niel. D’où une augmentation des tensions entre les deux hommes. En outre, M. Pigasse avait proposé à M. Niel de racheter à égalité la participation du groupe espagnol Prisa dans le Monde, afin de maintenir leurs parts dans le journal au même niveau. M. Niel avait ensuite renchéri avec des propositions plus radicales pour assurer l'avenir du quotidien, consistant à racheter les parts de Prisa pour les offrir au Pôle d'indépendance, et il avait en outre suggéré de transférer ses parts et celles de M. Pigasse dans une fondation pour préserver l'indépendance du capital du Monde.

 

À Lire :

Xavier Niel veut «sanctuariser» l'indépendance du Monde

Ce que dit la lettre de Pigasse aux salariés du groupe Le Monde

 

- L'appel des journalistes du Monde à Kretinsky

 


 

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