Réseaux sociaux
Soutien aux petites et moyennes entreprises, aux solutions de paiement, à la vente en ligne transfrontalière, à la formation d’entrepreneurs… Faceboook est solidement implanté sur le continent. Mais sa crédibilité dépend aussi de sa capacité à traquer les infox.

« Le quart de la population la plus active numériquement d’ici 2025. » C’est ainsi que Nunu Ntshingila, directrice Afrique de Facebook, voit la population africaine d’ici cinq ans. Pour le géant américain, qui est aussi très implanté sur le continent via son appli WhatsApp (prononcez Whazapp dans les pays francophones), l’Afrique représente d’abord un enjeu économique. Il contribue à innerver le tissu des micro-entreprises en leur apportant une interface mobile. « Facebook permet aux petites entreprises de devenir grandes et aux entreprises locales de devenir mondiales », assure la directrice, native de Soweto, qui rappelle que 93% des TPE-PME en Côte d’Ivoire estiment que la plateforme contribue à attirer des clients (source : Morning Consult).

Facebook est aussi associé à des start-up innovantes comme Jumia, l’Amazon africain, dont elle développe les achats transfrontaliers en ligne d’Abidjan à Lagos, malgré le faible niveau d’interconnexion entre États, ou Cellulant, une société créée pour fournir des solutions de paiement dans toute l’Afrique. Cette dernière a déployé la première expérience de réalité augmentée (RA) sur Messenger pour Huddah Cosmetics au Kenya. « Essayez, aimez, achetez » : tel est le tryptique de cette expérience de commerce social. « Sur un premier continent mobile, les commerçants peuvent surmonter les défis actuels pour augmenter leurs ventes en utilisant la RA », souligne Nunu Ntshingila.

Coté formation, le géant a étendu en 2019 à six pays d’Afrique francophone son programme « Boost with Facebook ». Objectif : former et équiper 10 000 entrepreneurs au Cameroun, en Côte d’Ivoire, en RDC, au Bénin et au Sénégal. Il veille aussi à développer des cercles de développeurs. Au total, on en compte 45 sur le continent, soit « le plus grand nombre dans une région du monde » et 54 000 membres qui apprennent à collaborer sur des sujets comme React ou Bots in Messenger.

Un programme de vérification des faits

Mais le groupe a aussi besoin de crédibiliser son audience et ses contenus alors que beaucoup de fausses infos et rumeurs circulent sur Facebook ou WhatsApp. Il développe un programme de vérification des faits, étendu en octobre à dix pays d’Afrique subsaharienne, qui permet de moins exposer sur son fil d’actualité des contenus signalés comme suspects et de leur associer un article de désintox réalisé par une tierce partie (AFP, Africa Check, France 24…). Facebook a pointé début novembre une entreprise de manipulation russe qui a visé les élections à Madagascar ou au Mozambique, ou l’image de la France et de la Russie, à partir de vrais et faux comptes Instagram ou Facebook. Au total : 475 000 comptes y ont été exposés.

Laurent Bigot, auteur de Fact Checking vs Fake News (Ina 2019), souligne que l’infox en Afrique est souvent fabriquée à partir de fausses rumeurs sur la santé, comme Ebola, ou de manipulations de la parole qui peuvent amener un groupe à s’en prendre à un autre. « Mais curieusement, Facebook s’est détourné cet automne de la vérification des propos de personnalités politiques », note-t-il. « La politique est exclue des papiers rémunérés des tierces parties. » Une façon, selon lui, d’imprimer une « ligne éditoriale ».



 

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.