Médias

Thomas Follin, le champion de Salto

Il est celui qui pilote le projet Salto, la future plateforme de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) que France Télévisions, M6 et TF1 lanceront « au premier trimestre 2020 ». Gilles Pélisson, le PDG de TF1, en est le président du conseil de surveillance pour deux ans et Thomas Follin le directeur. À l’ancien architecte de 6play (replay de M6), qui a dirigé la distribution des chaînes et services du groupe M6, le soin de concevoir la plateforme technologique dans un contexte de concurrence exacerbée du fait d’un Netflix qui s’implante à Paris ou d’un Disney+ qui se lance en France le 31 mars. Les trois actionnaires-fondateurs se sont engagés à investir ensemble 135 millions d’euros dans Salto. Delphine Ernotte, la PDG de France Télévisions, a confié le 7 novembre à Dijon qu’elle avait dû insister pour que la plateforme soit un vrai service de SVOD, et pas qu’un espace de replay.

 

Yannick Carriou, futur maître de l’audience

Évolution de la mesure de l’audience télé et radio, prise en compte des nouveaux usages comme la SVOD ou le podcast… Les chantiers ne manqueront pas pour Yannick Carriou, qui succédera en mars prochain à Bruno Chetaille à la tête de l’institut Médiamétrie. Ancien patron de TNS-Sofres France, Ipsos France et Ipsos Connect, celui qui était depuis 2017 PDG de Teknowlogy Group arrive à la tête d’une entreprise qui se doit d’évoluer avec les usages des Français. C’est pourquoi dès le 30 mars, la mesure de l’audience télé intégrera le hors domicile, c’est-à-dire la consommation télé dans les lieux publics, comme les bars, très prisés lors d’événements sportifs. D’ici à la fin de l’année, elle devrait aussi prendre en compte le visionnage depuis un ordinateur, un smartphone ou une tablette, autant d’usages qui pourraient inverser la baisse de la durée individuelle d’écoute, veulent croire les chaînes. Le média radio n’est pas en reste avec la possibilité de compléter la 126 000 Radio d’un volet automatique, grâce au panel équipé en audimétrie portée pour la mesure de l’audience TV hors domicile. Mais rien n’est encore décidé en termes de calendrier.

 

Sibyle Veil à un carrefour

Sibyle Veil a lancé un projet entrepreneurial qui passe mal auprès des syndicats. Il consiste à créer 76 postes numériques pour Radio France, acteur majeur de l’audio avec des podcasts aux chiffres vertigineux, afin d’accroître son leadership, notamment face aux plateformes. Mais ce virage s’inscrit dans une trajectoire contrainte, avec une baisse de 20 millions d’euros par an de la part de l’État pendant trois ans. La présidente propose la suppression de 299 postes, dont 30 au chœur (sur 93 chanteurs), 25 à la technique ou 11 pour les journalistes. Cela lui a valu une grève entamée le 25 novembre, poursuivie en décembre. Tout l’enjeu est de faire adhérer à son projet des équipes qui portent au plus haut les audiences et la réussite de leur entreprise.

 

Franck Riester, le réformateur

Le ministre de la Culture avait annoncé à Stratégies que son projet de loi sur l’audiovisuel arriverait au Parlement « début 2020 ». Promesse presque tenue, cette réforme sera débattue en avril à l’Assemblée nationale. Elle prendra la forme de deux projets de loi qui viseront un « soutien à l’industrie française et à la protection du droit d’auteur à la française », une régulation et une lutte contre le piratage renforcées par la fusion du CSA et de l’Hadopi (Arcom), et la création de la holding publique France Médias sous une présidence commune, nommée en conseil d’administration et en théorie, sans pouvoir éditorial. L’idée est aussi de rééquilibrer la part des plateformes comme Netflix dans la création française en les faisant contribuer à la production. Par ailleurs, entrera en vigueur en mars un décret sur la publicité autorisant la publicité segmentée sans adresse et les spots de pub en faveur du cinéma – à condition de respecter des quotas de films d’auteur et européens. En 2020, le ministre devra démontrer sa capacité à résister aux lobbies de l’audiovisuel et à assurer la survie de la distribution de la presse, voulue par sa réforme de la loi Bichet.

 

Pascal Chevalier, intégrateur par externalisation

L’externalisation à la carte. C’est la solution de Pascal Chevalier pour intégrer Mondadori France à Reworld Media. Son entreprise digitale a vu fuir 190 journalistes en CDI sur 330, faute d’un projet clair sur l’avenir de Closer, Grazia, Dr Good !, Vital ou Télé Star… Selon les journaux, c’est la maquette (au pôle Chasse), ou des rubriques, voire une grande partie du contenu (Biba) qui sont externalisées vers des agences, notamment Relaxnews et Com’Presse. La régie pub et le service digital central fusionnent avec ses services (sans bénéficier de la convention collective de la presse) et intègrent le siège de Boulogne-Billancourt. Le déménagement des pôles éditoriaux est repoussé au mois de mai, de Montrouge à Bagneux. Quelques embauches sont envisagées, tandis que le recours aux CDD et aux auto-entrepreneurs est privilégié. Un nouveau monde.

 

Julien Bergeaud, l’attaquant

Sous la houlette du fondateur Jaume Roures, Julien Bergeaud, ex-DG de Discovery France, pilotera le lancement de la nouvelle chaîne foot de Mediapro. Dès août, seront diffusés huit matchs de Ligue 1 et autant de Ligue 2 par journée de championnat, et ce, jusqu’en 2024. Lors du colloque NPA Conseil fin novembre, Jaume Roures a réaffirmé l’objectif de 4 millions d’abonnés en France. Quant à la distribution, il a rappelé que le modèle de Mediapro « n’est pas la distribution exclusive » et que, « comme en Espagne, [ils] seron[t] présents en France dans les différents environnements OTT ». Reste à voir si Canal+ sera de la partie alors que des discussions sont en cours avec BeIn Sports au sujet d’un partenariat de distribution et de sous-licence des matchs de Ligue 1 détenus par le groupe qatari.

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