Audio
À 42 ans, Virginie Maire est à la tête de la plateforme de podcasts Sybel, dont elle envisage encore de nombreux développement en 2020.

C'est dans le très chic 8e arrondissement de Paris, à quelques centaines de mètres de l'Élysée que Virginie Maire a installé ses bureaux, dans le village de l'innovation du Crédit Agricole. Droite comme un i, elle a gardé de ses vingt années de pratique d'équitation et de compétitions le contact direct et le goût du challenge. Il en faut pour se lancer dans l'univers du podcast dont le modèle économique peine à s'imposer. Skieuse hors pair, cette pionnère de l'audio numérique slalome entre les embûches à la tête de Sybel, la plateforme de podcasts de divertissement qu'elle a lancée en mai dernier. Le prix de la meilleure appli de l'année 2019 et celui de la meilleure appli du quotidien décernés par Google sont venus couronner son audace et sa tenacité.

Serial killer

Contrairement à d'autres aggrégateurs (Majelan), elle ne propose que des contenus sélectionnés, rémunérés à leurs producteurs ou coproduits avec eux. Parmi eux, l'histoire du seul serial killer français qui n'a jamais été arrêté, « Le Grêlé » racontée par Patricia Tourancheau, la fine lame du fait divers de Libération. Forte d'un million d'utilisateurs actifs par mois le 31 décembre dernier, la plateforme sera internationalisée avec des programmes hispanophones et anglophones. Elle a levé 5 millions d'euros en février 2019 auprès des fonds luxembourgeois Mangrove et de quelques business angels. 

Son parcours inspire confiance. Fille d'un ingénieur en électronique et d'une responsable d'une boutique de prêt-à-porter des beaux quartiers parisiens, elle côtoie la presse, côté régie, après des études de marketing. Elle rejoint ensuite M6 web et accompagne l'éclosion des youtubeurs . « J'ai participé à une mutation dans les médias avec l'émergence d'une nouvelle génération qui a inventé une manière de faire de la vidéo. Ils sont redacteurs en chef, auteurs, techniciens son et image, cadreurs, éditeurs et directeurs de leurs propres programmes », se souvient-elle. Chemin et réussite faisant, l'envie de créer son business la taraude. « J'avais toujours voulu travailler pour de grands groupes. Mais avec ces nouveaux formats, j'ai senti qu'il fallait aller très vite ». Elle crée le studio Finder alors qu'elle est enceinte de son premier enfant. Bingo ! TF1 rachète le studio et après un an d'accompagnement, il devient Studio71, au sein de TF1. C'est parce qu'elle ne veut pas laisser son fils surfer sur la tablette et sur YouTube qu'elle imagine le concept de Sybel. « J'ai eu l'idée de lui faire écouter une histoire, et j'en ai trouvé difficilement. Il a été aussitôt accro », affirme-t-elle. Depuis, 20 % des auditeurs de Sybel sont des enfants, 60 %, des femmes, et tous ont moins de 35 ans. Lorsqu'on regarde cette jolie blonde aux yeux bleus, on se demande si son physique n'a pas compliqué ses projets professionnels. Elle balaie la question d'un éclat de rire : « J'ai quand même un sacré caractère ! »

Parcours

1977. Naissance.

2004-2007. Maîtrise de gestion, DESS de marketing, et intègre la régie du Parisien.

2006-2007. Développe les activités d'un parc national à Philadelphie.

2008-2013. Intègre M6 web.

2014-2018. Fonde Finder Studio qui devient Studio71.

Mars 2018. Lance Sybel.

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