Étude
Le baromètre annuel Kantar pour La Croix montre que plus de quatre Français sur dix portent un faible intérêt à l’information telle que la traitent les médias.

Guillaume Goubert, directeur de La Croix, qui publie le 16 janvier son baromètre Kantar sur la confiance dans les médias, ne veut pas cacher une désillusion grandissante : « Il y a une nette baisse de l’intérêt porté à l’actualité, observe-t-il, notre métier, ce qu’il offre, ne rencontre pas la satisfaction ou l’intérêt du public ». La part des Français qui suivent l’actualité avec un faible intérêt a en effet bondi de 8 points, pour atteindre 41 %, contre 59 % qui suivent les nouvelles avec un grand ou un assez grand intérêt. C’est le plus mauvais score depuis 1999. Si les aficionados des médias sont encore nettement majoritaires, « les courbes pourraient se croiser », craint le patron de journal. Pourtant, la consommation des médias – en termes d’audience – ne reflète pas un tel ressac en termes d’image. Seule consolation, les médias grappillent deux points en deux ans auprès des jeunes de 18-24 ans (voir graphique). Faut-il y voir le signe d’un besoin naissant d’éclairage et de repères qui touchent des populations très exposées aux infox ? 40 % s’estiment encore exposés aux « fake news » au moins une fois par semaine.

Internet en déclin

Dans ce sondage réalisé les 4 et 6 janvier auprès d’un millier de personnes, la crédibilité est diversement appréciée suivant les médias. Alors que la radio se stabilise (50 %), les journaux (46 %) et la télévision (40 %) regagnent un peu de terrain (+2 points). Mais c’est surtout internet (23 %) qui accroît son déclin en perdant en cinq ans toute la crédibilité conquise entre 2005 et 2015. « C’est la première source d’info des moins de 35 ans », rappelle Guillaume Goubert. Les sites et les applis de presse ne sont d’ailleurs plus la principale source d’info que de 25 % des interviewés (-3 points) contre 22 % pour les réseaux sociaux (+4 points). Au global, l’accès à l’actualité se fait d’abord par la télé (46 %), et à 19 % via les chaînes d’info, puis par internet (31 %), la radio (15 %) et les journaux papier (4 %).

Saturation

Concernant le traitement des événements, les Français pensent d’abord que l’on a trop parlé des Gilets jaunes, de la fausse arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès (XDDL), de l’incendie de Notre-Dame ou du port du voile. À l’inverse, les feux de forêts dans le monde, le Grenelle des violences conjugales ou les élections européennes n’ont pas été jugés suffisamment traités. Le traitement médiatique des violences faites aux femmes est apprécié par la moitié des interviewés, ce qui n’est pas le cas de ceux des mobilisations sociales et du dérèglement climatique qui comptent surtout des contempteurs. 71 % estiment notamment qu’il n’y a pas eu d’amélioration dans la prise en compte de la vie des Français depuis l’apparition des Gilets jaunes, il y a un an. Enfin, un focus particulier est consacré à l’affaire XDDL. « L’emballement médiatique et policier » est pointé du doigt, plutôt que la seule responsabilité des journalistes. « Un cuisinier peut rater un plat », illustre Guillaume Goubert. Mais, pour lui, la profession doit s’interroger : « Cinq sources peuvent renvoyer à la même source de la police écossaise. »

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