Télévision
Face au succès croissant des offres de SVOD, les chaînes se distinguent par la place qu’elles accordent aux programmes de flux. Reste l’enjeu du renouvellement.

The Voice, C à vous, Zone interdite… Les grilles des chaînes de télévision en France regorgent de ce que l’on appelle vulgairement les « non-œuvres », autrement dit les programmes de flux, qu’il s’agisse des talk-shows, des émissions de divertissement ou des jeux. Selon une étude de Glance (ex-Eurodata TV), présentée le 20 janvier à l’occasion des 6e Rencontres professionnelles des producteurs créateurs de programmes audiovisuels, organisées par le syndicat SPECT, le flux représentait 30% des programmes diffusés en 2018 sur les 19 chaînes françaises étudiées, un chiffre qui n'a jamais été dépassé par le passé. C'est même 35% du temps d’écoute. « Le flux est structurant pour les chaînes et ce sont des programmes qui sont surconsommés par les téléspectateurs », explique Vincent Gisbert, délégué général du SPECT.

Lien quotidien

Dans le détail, les magazines, reportages et talk-shows pesaient pour 49 % du volume des programmes de flux diffusés, les factuals (programmes du réel) pour 23 %, les divertissements et talent shows pour 20 % et les jeux pour 8 %. Les programmes quotidiens figurent en bonne place. Touche pas à mon poste sur C8, par exemple, représente à lui seul 15 % des 6 400 heures de flux diffusées en 2018 par le groupe Canal+. L’émission C dans l’air pèse quant à elle 9 % des 11 000 heures diffusées par France Télévisions.

Ce type de programmes, moins onéreux à produire qu’une fiction, est d’ailleurs un point différenciant notable avec les plateformes de vidéo par abonnement (SVOD), comme Netflix, Amazon Prime Video et demain Disney+. Certes, Amazon a annoncé deux nouveaux formats d’émissions pour son service Prime Vidéo en France en 2020, Love island et The missing one. Et selon Glance, les lancements de programmes originaux factuels et de divertissement de Netflix et Prime Video ont augmenté de 40% entre la saison 2017-2018 et 2018-2019. Mais comparé à l’étendue de leur catalogue, l’essentiel de la consommation SVOD porte sur les séries et les films. « Je ne suis pas convaincu que l’appétence du public vis-à-vis du flux en télévision se reporte sur les plateformes », estime Jérôme Caza, producteur et fondateur du groupe 2P2L.

« Les programmes de flux ont une fonction de lien quotidien avec les Français. Et c’est par le divertissement qu’on arrive à réunir toute la famille devant la télévision. Le flux est un vecteur de reconquête de l’espace familial », avance pour sa part Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions. Le récent lancement de Mask Singer sur TF1 en est un exemple : pour la finale, diffusée le 13 décembre dernier, la chaîne a enregistré une part d’audience (PDA) de 27% sur les 4 ans et plus, et même de 55 % sur les 4-14 ans et 50 % sur les 15-24 ans.

Reste la question du renouvellement des formats et de la créativité pour garder les téléspectateurs plus que jamais tentés d’aller voir ailleurs. « Les chaînes sont obligées de se renouveler, pour essayer de couper l’herbe sous le pied des plateformes, même si les audiences ne suivent pas toujours », note Marlène Auvieux, directrice TV du groupe Repeat. Une prise de risque devenue nécessaire.

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