Finances
Rivaux sur le marché publicitaire comme à la Bourse, les groupes TF1 et M6 se rapprochent en termes d’intérêts de développement. Pour l’un et l’autre, 2020 est vue sous de bons augures.

Pour TF1 comme M6, 2020 sonne comme une promesse. En présentant ses résultats, le 14 février, Gilles Pélisson, le PDG de la Une, a voulu montrer en quoi les feux étaient au vert tant les « opportunités » se multipliaient. Un optimisme nécessaire devant les analystes, alors que ses recettes publicitaires, à près de 1,66 milliard d’euros, sont en baisse de 0,2% % en 2019 (-1,3% sur les antennes TV). À comparer au 1,1 milliard d’euros de revenus de publicité (+3,8%) que peut afficher le groupe présidé par Nicolas de Tavernost, qui profite pleinement de l’intégration du groupe RTL et, sur quatre mois, du pôle jeunesse de Lagardère (Gulli). M6 réalise un résultat opérationnel record, à 284,4 millions d’euros (+6,9%), soit 19,5% de marge. TF1 garantit pour sa part une marge « à deux chiffres » après avoir atteint 10,8% en 2019.



De nouvelles mesures d'audience

Des opportunités ? Avec la refonte de l’étude d’audience de Médiamétrie, qui inclura l’écran hors domicile à partir d’avril, ce sont d’abord « 10 à 15 minutes d’audience supplémentaires » aux 3 heures 30 quotidiennes de durée d’écoute, qui s’ajouteront au bénéfice de la télévision. « Vous imaginez l’impact en termes de monétisation », s’est félicité Gilles Pélisson. La prise en compte de l’internet à domicile dans la mesure de la télévision, courant 2021, consolidera encore de 2 minutes 30 la part d’audience. De quoi compenser, au moins en partie, la baisse de la durée d’écoute, en particulier chez les jeunes.

Le patron de TF1 cite également les technologies au service de la publicité avec l’offre programmatique One PTV, désormais accessible à tous les annonceurs (en 2019, 30% des inventaires étaient ciblés data et commercialisés 35% plus cher). Et, sans attendre la future loi sur l’audiovisuel, il rappelle que la publicité segmentée permettra d’élargir l’offre publicitaire, à condition de lever la restriction sur l’adresse de l’annonceur. « Ce serait juste l’inverse de l’internet », précise le PDG.

Un combat sur lequel le rejoint Nicolas de Tavernost, qui craint en outre que « les lobbies » n’aboutissent à rogner les possibilités envisagées d’intégration de la production par les diffuseurs (50%). Pour lui, les fusions aux États-Unis en témoignent, « les règles anticoncentration font que les regroupements sont extrêmement difficiles, comme il l’a rappelé lundi à BFM Business. Nous avons besoin de regrouper des forces au niveau européen pour être compétitifs. » M6 cite l’exemple de son organisation technologique, avec 200 collaborateurs, qui s’ouvre à RTL Group et à des diffuseurs européens.

M6, qui partage avec TF1 l’Euro 2020 et les matchs de l’équipe de France de football, est aussi en charge de la technologie de Salto, coentreprise pour laquelle 260 millions d’euros seront dépensés en trois ans dans les contenus. Pour Gilles Pélisson, le pure player est encore une opportunité, au même titre que Newen, qui devra porter son chiffre d'affaires international de 32% à 50%, tandis qu’Unify (Aufeminin, Doctissimo…) devra passer de 173,1 à 250 millions d’euros en 2021. D’ici là, Nicolas de Tavernost aura sans doute transmis le flambeau à Régis Ravanas – ou un autre. Il a jusqu’à août 2022 pour se trouver un successeur.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.