Médias
Alors que La Poste a réduit ses tournées de distribution, Presstalis est toujours menacée de cessation de paiements. L'État s'est engagé à soutenir la société pendant le confinement.

« Même si nous aussi, nous protégeons notre personnel, qui fait preuve de beaucoup de courage pour continuer son activité dans des conditions difficiles, c'était inacceptable que La Poste prenne la décision de limiter à trois jours la distribution des journaux, s'indigne Jean-Michel Baylet, président de l'Alliance de la presse d'information générale (Apig) qui regroupe 300 journaux. C'est ce que j'ai dit à Philippe Wahl, le patron de La Poste, lorsqu'il m'a appelé le 31 mars pour me faire part de cette décision, prise sans concertation et déjà annoncée aux directions régionales. Je suis monté au front ardemment. J'ai saisi le président de la République, le Premier ministre et nous avons tous publié des articles sur le sujet. La Poste doit honorer son contrat universel de distribution pour lequel elle touche 100 millions d'euros par an. »

Excuses

Ce sont jusqu’à 500 000 abonnés de la presse quotidienne et 450 000 de la presse hebdomadaire régionale qui étaient impactés. Autant de lecteurs privés de leur abonnement dans une période d'isolement. Le dialogue s'est renoué rapidement : « Ça a chauffé mais c'est derrière nous, poursuit Jean-Michel Baylet. La Poste s'est excusée et nous avons trouvé un accord. Quatre jours de distribution la semaine du 6 avril et 5 jours dès mi-avril. Elle fait maintenant tous les efforts du monde pour assurer ces tournées. » Louis Dreyfus, président du directoire du Monde se réjouit de cette issue : « La Poste distribue 40 000 ex. à nos abonnés, qui bénéficient parallèlement du journal en numérique. Ils ont heureusement fait preuve de tolérance. » 

Reste la problématique des marchands de journaux. À l'heure où 20 % des points de vente sont fermés, avec une disparité entre province (-13 %) et Île-de-France (-30 %), une baisse des ventes est observée quand l'actualité devrait stimuler la demande. « Mais à périmètre constant, on est sur une stabilité, voire une légère augmentation. Nous vendons entre 50 000 à 60 000 exemplaires par jour » souligne Louis Dreyfus. En revanche, la suspension des quotidiens pour turfistes, des magazines Grazia, Marie-Claire, Cosmo et Avantages, le passage d'hebdo à mensuel de Voici vont accentuer la baisse des volumes.

Autant de chiffre d'affaires en moins pour la filière et Presstalis, acculée à une cessation de paiements imminente. « L'État s'est engagé à nous soutenir pendant cette période de confinement en mettant en place un fonds pour tenir quelques jours de plus et permettre aux négociations d'aboutir, confie Cédric Dugardin, président de Presstalis. Nous proposons un plan "Bleuet" sur trois ans qui prend acte du départ de 15 % à 20 % des éditeurs vers les MLP [qui proposent aussi leur plan] et du souhait de séparation des coopératives des quotidiens et des magazines avec deux entités. Il impliquera la suppression de 60 % des 900 postes actuels. Mon objectif est d'intégrer Presstalis dans le futur plan de filière patronné par les pouvoirs publics. Ces derniers, avec les actionnaires, doivent valider un plan, ou en dernier ressort, le Tribunal de commerce. Tout doit être fait pour qu'une issue soit trouvée et la distribution de la presse, assurée. »

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