Régie
Victime de la baisse des investissements publicitaires des marques, la régie du groupe TF1 veut jouer un rôle dans la reprise économique. Explications avec François Pellissier, président de TF1 Pub.

Quel est l’impact de la crise que nous traversons sur les recettes de TF1 Pub ?

François Pellissier : L’impact est très lourd pour nous, comme pour tous les médias financés par la publicité. Comme l’a dit Gilles Pélisson [PDG du groupe TF1, ndlr] dans une interview au Figaro le 6 avril, nous nous attendons à au moins 50% de baisse de nos recettes publicitaires en avril, et ce sera possiblement la même chose en mai et juin. Les effets de la crise ont eu lieu en trois phases. D’abord, de février à la mi-mars, nous avons vu des annulations un peu isolées, émanant du secteur tourisme. Puis, du 12 mars, date à laquelle le président Macron a annoncé la fermeture des écoles, à la fin du mois, nous avons subi une vague d’annulations massives de tous les secteurs. Depuis fin mars, nous sommes sur un plateau : beaucoup de campagnes ont été annulées ou reportées, les budgets rentrent de façon marginale. Pour autant, on sent que les annonceurs essaient de se projeter vers l’avenir. Quelques-uns commencent à revenir. Et nous mettons en place des dispositifs pour les encourager.

Quelles mesures avez-vous prises pour en limiter l’impact ?

F.P. : Nous avons travaillé avec l’Union des marques, l’Udecam et le SNPTV pour pouvoir accompagner les marques le mieux possible dans cette période très compliquée. Nous avons assoupli nos délais d’annulation, nos calendriers de réservation, nous avons aussi raccourci à J-7 l’achat express, contre J-10 auparavant. Nous réfléchissons beaucoup à des mesures de soutien commercial, par exemple des offres dédiées aux PMI-PME, pour relancer la consommation. Le groupe TF1 aura un rôle décisif à jouer dans la reprise économique, d’où notre volonté de stimuler la communication. Pour les marques, c’est essentiel de communiquer durant cette période, que ce soit pour leurs ventes ou leur notoriété. La crise de 2008 l’avait déjà montré.

En quoi la mise en place d’un crédit d’impôt pour les annonceurs aiderait la reprise ?

F.P. : C’est une démarche collective, portée par les acteurs représentants les annonceurs, les agences et les médias. Cette initiative va bien au-delà de la seule filière communication, c’est l’ensemble de l’économie qui pourrait profiter de cette mesure de relance. Nous allons travailler en ce sens avec le gouvernement.

Avec le report du projet de loi audiovisuel et des décrets publicité, attendez-vous du gouvernement qu’il revoit sa copie ?

F.P. : Nous ne pourrons pas reprendre les discussions là où nous les avions laissées. Il est urgent de reconsidérer ces éléments au regard de cette crise sans précédent, que ce soit pour la publicité cinéma, la publicité segmentée ou la promotion du secteur de la distribution. Nous sommes face à une crise qui doit faire prendre conscience de l’urgence à assouplir le carcan dans lequel nous sommes.

Quel sera l’impact du report d’un an de l’Euro 2020 pour TF1 Pub ?

F.P. : Ce n’est pas une problématique propre à la régie, c’est tout le groupe qui est concerné. Ce report va nous permettre d’alléger nos charges pour 2020 alors même que les recettes publicitaires sont en baisse. Mais il faudra être vigilant sur le calendrier de report de l’ensemble des événements sportifs, qui pourrait nous pénaliser par ailleurs.

Confirmez-vous avoir demandé à l’UEFA un report de paiement pour les droits de diffusion de l’Euro ?

F.P. : Oui. Ce sont des discussions que nous avons avec l’UEFA.

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