Radio
Flavie Flament poursuit son émission quotidienne sur RTL depuis son salon devenu studio de radio. Elle y recueille la parole des auditeurs confinés. Portrait d'une femme sereine, qui a fait changer la loi sur la prescription des crimes sexuels sur mineurs.

Confinement oblige, la rencontre a lieu en visio-conférence depuis son appartement parisien « à l'étage des nuages » dit-elle poétiquement. Flavie Flament, les ailes encore brûlées par les feux des projecteurs de TF1 dont elle a été l'animatrice star et par les flashs des paparazzis avides de sa vie privée, ne laisse plus les journalistes pénétrer dans son antre. Mais elle nous montre l'installation qui lui permet de réaliser son émission quotidienne : On est fait pour s'entendre, en direct.

Elle a transformé sa table de salle à manger où trône derrière elle un animal empaillé et une gravure ancienne en studio de radio. Elle installe méthodiquement dès 13h30 son casque avec micro ajustable devant la bouche, son boitier 4G extrait de son sac rembourré et son ordinateur portable. « Le lundi 16 mars, j'étais à RTL. J'en suis repartie avec cette régie portable sous le bras. Ma crainte était de ne pas réussir l'installation technique. Mon décodeur Canal+ est encore dans sa boite, faute de savoir m'y prendre. Mais tout s'est très bien passé » lâche-t-elle avec ce sourire enfantin qui tranche avec sa voix bien timbrée aux intonations déterminées.

« Enzo, mon fils de 16 ans est bien éduqué et très habitué aux impératifs de mon métier, sourit-elle, contrairement à mes chats qui s'invitent sur la table. Mais même s'il se passait un imprévu, ce serait génial. La radio que l'on fait en cette période de confinement est plus vraie et spontanée que jamais, ultra-authentique. On fait de la radio différente même si nos fondamentaux demeurent : la conversation, le partage et la réflexion avec les auditeurs qui interviennent sur nos sujets de société et même philosophiques. Une de nos dernières émissions était dédiée au toucher, qui fait défaut en cette période. »

L'animatrice compte à chaque émission trois ou quatre invités, qu'ils soient psychologues, psychiatres ou philosophes. Ils se succèdent au téléphone pour éviter que chacun ne se coupe la parole. « Car la radio, c'est aussi échanger en studio en langage des signes, ce qui est impossible en ce moment, poursuit-elle. Mais je suis tellement heureuse de maintenir l'antenne. J'ai besoin de mes auditeurs et de ce rythme de travail, qui m'aide à structurer mon temps, mes semaines. » Cela fait neuf ans qu'elle occupe ce créneau sur RTL. « Je vis les plus belles années de ma carrière. C'est le média qui me correspond le mieux, avec cette émission qui me colle à la peau », confie Flavie Flament.

Oiseau mazouté

La première apparition télévisée de cette Normande, fille d'un agent de la SNCF, remonte à ses 14 ans. Un concours de Miss OK! Magazine diffusé par M6 et présenté par le jeune Jean-Luc Delarue. Plus tard, assistante de production, elle devient animatrice météo et gravit toutes les marches jusqu'à l'animation des prime time les plus exposés de TF1. Elle en est l'une des stars pendant une décennie avant de s'éclipser à la surprise générale. « J'étais comme un oiseau mazouté. Je n'arrivais plus à décoller. J'avais des choses à vivre loin des paillettes de la télé et de la pression des projecteurs. Je voulais mériter mon succès et j'avais l'impression d'être une imposture », précise l'animatrice.

Quelques mois plus tard, elle sollicite Christopher Baldelli, alors patron de RTL. « Il m'a posé cette question que personne ne m'avait jamais posée "Qu'avez-vous envie de faire". Jusque-là, tout le monde avait mieux su que moi », poursuit-elle. L'ex-patron se souvient précisément du rendez-vous : « Elle était un peu au creux de la vague. J'ai noté son énorme motivation à faire de la radio, média pour lequel elle n'avait jamais travaillé. Elle m'a dit qu'elle était invitée deux jours plus tard dans l'émission de Laurent Boyer sur RTL. Je l'ai écoutée. Non seulement sa voix passait très bien mais elle était présente, pertinente et elle a quasiment pris le contrôle de l'émission. À la rentrée, j'ai proposé un autre créneau à Laurent Boyer, et je lui ai donné celui de l'après-midi qu'elle occupe toujours. Elle est désormais une voix de RTL et elle est allée au-delà de ce que j'attendais. »

Loin des projecteurs, l'animatrice a pu multiplier les thérapies et publié en 2016 La Consolation dans lequel elle raconte l'abus sexuel dont elle a été victime à 13 ans (de la part du photographe David Hamilton) avant d'être atteinte d'amnésie traumatique. Son témoignage et son action ont permis d'allonger le délais de prescription des crimes sexuels sur les enfants de 20 à 30 ans. « Je n'y pense pas tous les jours en me rasant, mais c'est une immense satisfaction. Cette notoriété qui me pesait a pu être utile à d'autres. Que mon drame personnel ait pu aider, c'est une magnifique transformation », précise Flavie Flament. 

Parcours 

1989 : Elle coprésente sa première émission Boulevard des clips à 15 ans avec Laurent Boyer sur M6

1993 : Elle est assistante de production pour l'émission Frou-Frou de Christine Bravo sur Antenne 2

1998 : Présentatrice météo sur Canal +

2000-2009 : Elle intègre TF1 où elle présente des émissions de divertissements dont Stars à domicile, Sagas ou Vis ma vie

Depuis août 2010 : Elle anime sa première émission radio sur RTL où elle est aujourd'hui à la tête de On est fait pour s'entendre en semaine et Nous voilà bien le samedi de 9h15 à 10h

Octobre 2016 : Elle publie La Consolation où elle révèle avoir été abusée sexuellement à 13 ans avant de souffrir d'une long amnésie traumatique. 

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