Presse
Les coopératives des quotidiens et des magazines tentent de trouver un accord de reprise de Presstalis. Dans les coulisses d'une négociation très sensible.

Jamais une issue n'a semblé aussi proche dans la crise qui ébranle Presstalis. Mardi 5 mai, un protocole d'accord circulait entre les principaux actionnaires de la messagerie, qui distribue 75 % de la presse française. Soit entre la Coopérative de distribution des quotidiens (CDQ), menée par Louis Dreyfus, président du directoire du Monde, et celle des magazines (CDM), dirigée par Frédérick Cassegrain, directeur de Marianne. Leur objectif ? Éviter la rupture de la distribution de la presse comme l'a demandé le ministre de la Culture Franck Riester, ce qui explique la vigilance avec laquelle les pouvoirs publics suivent le dossier via les réunions menées avec le Comité interministériel de restructuration industrielle ou Ciri.

Une situation aggravée 

La date du 12 mai est dans la ligne de mire des professionnels de la presse. Ce jour-là, Cédric Dugardin, le PDG de Presstalis, sera entendu par le tribunal de Commerce de Paris, à la suite de la cessation de paiement déclarée par l'entreprise le 20 avril. L'issue positive serait une période de redressement judiciaire, mais l'échec des négociations aboutirait à la liquidation. Car le confinement a encore aggravé la situation financière de Presstalis. 3200 points de ventes ont fermé pendant la période, 400 ont réouvert, sur un total de 22 000. Prisma Media et CMI, les deux plus gros éditeurs de magazines ont baissé de plus de 40 % leurs volumes envoyés aux points de vente. Tous éditeurs confondus, le manque à gagner est de 28 % du chiffre d'affaires 2019. « L'État nous soutient pendant cette période confinée pour permettre d'avancer dans nos négociations. Tout le monde a intérêt à ce qu'on trouve un accord assez intelligent rapidement » a confié Cédric Dugardin à Stratégies.

Le plan proposé par la messagerie concurrente, les MLP, a été abandonné. Un protocole d'accord entre CDQ et CDM est donc à l'étude pour la création d'une nouvelle coopérative commune. Ce document circule entre les conseils des coopératives. Il envisage une solution de reprise commune des actifs de Presstalis autour d'une nouvelle messagerie. « Cela acte d'une volonté commune de trouver un accord », souligne un des acteurs. Selon nos informations, la CDM souhaite une sécurisation sur les créances que les éditeurs de magazines perdraient, si la nouvelle messagerie était en faillite dans quelques mois. L'ardoise globale de Presstalis se monte à 120 millions d'euros. Si les conditions de cette reprise sont ratifiées et si le plan aboutit, le tribunal pourrait ouvrir une période d'observation de 4 à 6 semaines pour finaliser l'accord.

Que décideront les éditeurs indépendants ? Sept d'entre eux qui éditent Society et So Foot, Point de vue, Le Film Français ont créé leur propre coopérative baptisée « Celin » le 20 avril. « Après des mois de discussions sans issue visible, nous nous sommes alliés pour préserver notre liberté d'entrepreneurs » explique son président Emmanuel Mounier, qui dirige Unique Heritage Media (Journal de Mickey, Picsou). L'Arcep les a exonérés du gel de transfert vers les MLP (messagerie concurrente) si leur chiffre d'affaires est inférieur à 5 millions d'euros. Donneront-ils eux aussi sa chance à la nouvelle entité qui se profile ou iront-ils aux MLP ? 

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