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Dans son tout premier avis, le nouveau Conseil de déontologie journalistique a considéré qu'une journaliste de BFMTV avait fait preuve de partialité dans un entretien avec l'avocat Juan Branco.

C'est la première fois que le Conseil de déontologie journalistique, fondé fin 2019, rend un avis et celui-ci s'adresse à BFMTV. Le conseil indépendant a considéré dans sa décision publiée le 19 mai qu'une journaliste de la chaîne d'information avait fait preuve de «partialité» dans un entretien avec l'avocat Juan Branco. L'instance avait été saisie par 23 personnes à propos d'un entretien diffusé le 17 février sur BFMTV avec l'avocat de Piotr Pavlenski, un artiste russe alors au coeur d'un scandale sur des vidéos à caractère sexuel, dont la publication avait poussé Benjamin Griveaux à renoncer à sa candidature à la mairie de Paris.

Les saisines concernent notamment la dernière phrase prononcée par la journaliste Apolline de Malherbe, à la fin de l'entretien : «plus on vous entend et plus on se demande si Piotr Pavlenski n'est pas que l'exécutant et vous le manipulateur». Le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) a estimé que ces saisines étaient «partiellement fondées». Selon le Conseil, «l'ensemble de l'entretien avec M. Juan Branco témoigne d'une partialité envers l'interviewé qui dépasse la liberté d'investigation journalistique, et la dernière phrase prononcée par Mme Apolline de Malherbe ne respecte pas les règles déontologiques concernant les accusations sans preuve et le défaut d'offre de réplique». Informée de ces saisines, BFMTV n'a pas répondu au CDJM.

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«Je vous remercie, c'est un grand hommage», avait immédiatement répondu Juan Branco. L'avocat avait indiqué avoir été «approché» par l'artiste mais démenti tout rôle dans la divulgation des vidéos pornographiques. Quelques jours plus tard, le bâtonnier de Paris avait demandé à Juan Branco de renoncer à défendre son client dans cette affaire Griveaux, en raison notamment de «l'absence de distance» entre l'avocat et les actions de son client, mais sans relever «de conflit d'intérêts avéré».

Le CDJM précise que «les entretiens journalistiques ne sont pas des interrogatoires policiers. Or, dans le cas présent, la sélection des faits invoqués par la journaliste, sa manière de poser des questions, le choix des termes qu'elle utilise (instigateur, manipulateur...), sa propension à impliquer à tout prix l'avocat dans la commission des faits reprochés à son client contredisent l'exigence d'impartialité».

Ce nouvel organe de médiation a été fondé après des années de débats enflammés sur son utilité face à la défiance grandissante des citoyens envers les médias. Sur le modèle d'institutions semblables en Europe, il réunit des représentants de la profession, une poignée de médias, des écoles de journalisme et des associations de lecteurs. Le CDJM indique avoir reçu 63 saisines depuis le début de l'année, au sujet de 31 articles ou émissions. 20 ont été déclarées irrecevables, et deux non fondées, l'une sur un reportage de France 3 auprès d'activistes animalistes et l'autre sur une couverture de Paris Match sur l'arrestation du même Piotr Pavlenski.

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