Radio
Son verbe haut et son expression limpide ont une fois de plus fait la différence sur les antennes de Franceinfo, à l'heure où les auditeurs étaient en manque d'écoute. Portrait d'un sacré journaliste.

La crise sanitaire l’a bousculé. Pas professionnellement, même s’il a assuré les cinq heures de tranches d’info de la mi-journée, rallongées pour faire face aux impératifs de la situation. Mais plus intimement : en apportant vaillamment soutien et écoute aux auditeurs, il s’est rendu compte qu’il était, pour certains, leur seul interlocuteur de la semaine.

Cet Ariégeois, fils de médecin rural, ausculte les Français depuis trente ans à Radio France. Il y a commencé par un stage de fin d’école de journalisme. Marc Riglet, ex-patron de France Culture, et Ivan Levaï, ex-directeur de l’information des stations, n’ont pas laissé filer ce talent.

« Bouffeur de micro »

Celui qui aime « raconter une histoire plutôt que délivrer un savoir » n’aura pas à aller voir ailleurs. Son implication, la précision et la clarté de son verbe et de ses rebonds lui valent le respect de ses pairs. Le patron de Franceinfo, Vincent Giret, le tient parmi les meilleurs, toutes radios confondues. Il a donc tenu l’antenne sans trébucher et sans broncher. Il ne viendrait pas à l’idée de ce « bouffeur de micro », comme il se définit, de se plaindre. 

C’est l’émotion palpable des auditeurs qui l’a secoué, pendant cette crise. Il se souvient des témoignages bouleversants, quand il assurait au moins une heure d’interactivité quotidienne. « Je sortais ébranlé et rincé de ces échanges. C’étaient des moments très forts. Avec des témoignages que je n’oublierai jamais, comme la détresse de cette dame qui avouait appeler sa mère confinée en Ehpad quinze fois par jour. Nous avons essayé de créer du lien dans une période où nous vivions l’actualité en même temps que nos auditeurs. À côté des informations factuelles, notre rôle était de faire émerger les zones grises. Grâce à leurs témoignages, les auditeurs ont fait exister des éléments que nous n’avions pas sur leurs conditions de vie notamment. Face à certaines situations et certaines questions, il faut avoir l’humilité de dire “je ne sais pas” lorsque c’est le cas. » 

La force et la colonne vertébrale de Frédéric Carbonne, c’est de coller au réel et de fuir l’entre-soi. Il a l’art de rendre limpide la parole de ses interlocuteurs, en l’éclairant ou en la résumant sans jamais la simplifier. « Synthétiser clairement, je sais faire, depuis toujours », avoue presque timidement l’ancien élève de Sciences Po. Son tee-shirt, clin d’œil à ses quatre ans de correspondant à Washington, résume bien son état d’esprit. Le héros de la série The Office s’excuse: « Je ne suis pas superstitieux, juste… un peu stitieux ». Un peu… beaucoup 

Parcours

1987 : Diplômé de Sciences Po Paris

1989 : Diplômé du Centre de Formation des Journalistes

1889-1991 : Coopération au Canada

1991-1999 : Intègre la rédaction de France Culture puis rejoint France Inter

1999-2013 : Présentateur des journaux à France Culture puis manager à Franceinfo

2013-2017 : Correspondant aux Etats-Unis de Radio France

Depuis 2017 : Fil rouge à France Info désormais en charge du 12h-14h

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