L'actu vue par
Agnès Vahramian est correspondante à Washington pour France Télévisions.

L'Amérique fracturée par la mort de George Floyd.

Elle est plus divisée que jamais. À l'unanimité, les Américains sont scandalisés par cette vidéo et écœurés par l'acte ignoble de ce policier qui a tué George Floyd. La majorité des Américains souhaite trouver des solutions aux violences policières. Mais une partie de l'Amérique, celle de Trump reste actuellement silencieuse, scandalisée autant par cette vidéo que par les images d'émeutes et de pillages. Cette Amérique n'est pas persuadée qu'il y ait un problème profond de racisme. Face à ce clivage, Trump ne joue pas l'unité nationale et assume sa position de président de la loi et de l'ordre.

Les réseaux sociaux, si souvent dénoncés comme une source de fake news, devenus une source d'information via la vidéo virale de l'agonie de George Floyd.

Ces dernières années, il y a eu quatorze émeutes raciales, et depuis février, quatre hommes noirs tués par la police. Il y a eu des vidéos, mais celle-là est d'une autre nature. Elle est quasiment obscène avec ce policier à la chemise parfaitement repassée, le genou dans la gorge de George Floyd, pendant de si longues minutes où l'on a la bande-son. Les réseaux sociaux changent la donne car aux USA, jusque-là, c'était la parole de la police contre celle d'éventuels témoins. Là, on a la preuve par l'image. Demeure cependant un débat aujourd'hui essentiel aux États-Unis sur le fact-checking : les réseaux sociaux doivent-ils eux-mêmes produire du fact-checking ? Twitter doit-il mettre en garde contre un tweet mensonger de Trump ? Facebook a choisi de ne pas le faire.

L'élan de mobilisation de la jeunesse américaine contre le racisme.

Dans ces mouvements d'union de la jeunesse dans les grandes villes, on voit même une majorité de blancs. Ils vivent déjà dans le multiculturalisme, même si des villes comme Minneapolis ou Washington, très ségréguées. Ces jeunes sont démocrates et même parfois très à gauche. Il y a beaucoup d'énergie, de créativité mais aussi de radicalisme dans ce mouvement. Ils ne font pas confiance à leurs aînés pour gérer ce problème de lutte contre le racisme, problème essentiel pour eux au même titre que le climat ou les inégalités sociales.

En miroir de l'assassinat de George Floyd, la colère réactivée concernant la mort d'Adama Traoré et les violences policières en France.

J'ai été étonnée que cette affaire qui date d'il y a quatre ans reprenne autant de vigueur. On est face à un mouvement mondial, qui ravive une question qui devient générationnelle. Bien sûr que toute la police n'est pas raciste et que c'est un métier difficile. Imaginez qu'aux États-Unis il y a plus d'armes que de citoyens. À tout moment, un policier américain peut faire face à un homme armé qui lui tire dessus. Mais ce mouvement est aussi une invitation à récréer le lien abîmé entre la police et les citoyens. Je ne pense pas que nous soyons face à une nouvelle fracture mais à la nécessité de recréer un lien.

Les propos racistes tenus par des policiers français sur les réseaux sociaux.

J'imagine qu'il s'agit de policiers clairement issus de l'extrême-droite. Mais je suis étonnée que, même s'il s'agit de propos tenus sur les réseaux sociaux dans un groupe privé, ils n'aient pas imaginé que cela puisse fuiter. Comme s'il y avaient un sentiment d'impunité, et cela pose question. La police doit être irréprochable, même si c'est un job difficile.

La vie quotidienne déconfinée et masquée.

Tout le monde a un masque, ici aussi. Aux États-Unis, nous avons été confinés mais sans avoir à remplir un papier pour sortir. Dans ce pays, les citoyens ont un sens aigu de la responsabilité individuelle et cela fonctionne. Chacun prend sa part. On commence tout juste à réinvestir les terrasses de cafés et restaurants à Washington.

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